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L'univers de l'Espace
Reine de Saba











ENCENS... MYRRHE... à la conquête des Dieux


En attendant une exposition majeure sur ce thème passionnant (présentée sous diverses formes depuis 20 ans), voici un texte qui permettra au lecteur d’en savoir plus sur ces résines si exceptionnelles.

Chers visiteurs de notre site internet. Au regard de l’intérêt profonds de certaines personnes, avides de notions vraies concernant les encenciers et myrrhiers de la région Arabique, nous croyons bien de vous présenter ici quelques extraits de l’ouvrage de Mr José-Marie BEL et Théodore MONOD (des références incontestables) « Botanique au pays de l’Encens », Périple au Yémen (Editions Amyris). Ouvrage épuisé et encore disponible pour peu d’exemplaires sur notre site. Evidemment, nous présentons des extraits… en soulignant toutefois que vous pouvez trouver ce type de burcéracé en Corne africaine, et aussi à Oman, Socotra et en Inde occidentale. Pour tout autre information, contactez-nous.

Références de cet article : José-Marie BEL & Théodore MONOD (à mentionner svp, pour toute utilisation, libre de droit).


L’ENCENS Nom commun en Ethiopie et au Yémen : Lubân Genre : Boswellia. Famille des burséracées. (Qui réunissait autrefois les Anacardiacées et les térébinthinées).

"... l’invention des encens et parfums aux églises, si ancienne et espandue en toutes nations et religions, regarde à cela de nous réjouir, éveiller et purifier le sens pour nous rendre plus propre à la contemplation". Montaigne, Essais, I, LV.

"...Sur mon lit d’hôpital, l’odeur de l’encens m’est revenue si puissante ; gardien des aromates sacrés, confesseur, martyr..." Arthur Rimbaud. Une Saison en Enfer, 1873.

L’encens, tiré du latin ecclésiastique incensum , signifiant brûlé (participe passé d’incendere, brûler), est une sécrétion de l’écorce de certaines espèces d’arbres appelées Boswellia. Il est également connu sous le nom oliban, en français et lubân, en arabe ; mots dérivés de l’hébreux, lebonah qui signifie "lait" ou "blanc" qui a par ailleurs donné son nom à un célèbre petit pays du Moyen-Orient, le Liban, grâce à ses hautes montagnes blanches. Son nom est ainsi choisi à cause de l’aspect des larmes globulaires ou piriformes qui s’écoulent naturellement de l’écorce de l’arbre. Caractéristiques scientifiques des burséracées : présence de canaux sécréteurs intralibériens et parfois médullaires, fournissant des oléorésines gommeuses, odorantes, employées pour leurs propriétés balsamiques en pharmacie et donnant à la parfumerie des substances appréciées (encens, myrrhe, etc...).

Dans leur milieu naturel, les arbres à encens se reproduisent par les graines. Lors de mon étude de terrain, je n’ai trouvé aucune pousse et jeune arbre, donc pour l’instant aucune reproduction n’est possible. Avec l’observation attentive des lieux, j’ai retrouvé des excréments de chèvres, et quelques traces de chemins empruntés sans doute par elles uniquement. Dans la mesure où le lieu où se trouve cette population précise n’est plus visité par l’homme, et plus récolté depuis trois à cinq ans, Il est fort probable que c’est à cause de ces animaux que les arbres ne se reproduisent plus.

Extrait de l’ouvrage « Botanique au pays de l’Encens. Expédition naturaliste au Yémen ». José-Marie Bel, Théodore Monod. Editions Amyris.

APPLICATION : l’Encens comme la Myrrhe se consume sur du charbon dans un encensoir ou brûle-parfum. D’une senteur généralement « divine », son odeur purifie l’air, et… depuis la nuit des temps, attire les « bons esprits » et éloigne les mauvais. Population d'encensiers à Socotra Boswellia socotrana

LA MYRRHE Nom commun au Yémen et en Ethiopie : Mirra. Genre : Commiphora myrrha Autres espèces présentes au Yémen : Commiphora opobalsamum, Commiphora erythracea, Commiphora Schimperi, Commiphora quadricincta, Commiphora abyssinica et Commiphora simplicifolia.

" Cette gommo-oléo-résine porte les noms vernaculaires suivants : Khaddah, Aback-dittin, Mourr, Fhadi, etc..., et, bien qu’originaire du pays des Somalis et du Harrar, elle arrive encore en grande partie de Bombay, où elle est apporté par des bateaux anglais de cabotage ; on en exporte aussi par Djibouti, depuis la construction du chemin de fer d’Addis-Abeba". Perrot.

Elle exsude naturellement des crevasses de l’arbre dont l’écorce est mince. Les Somalis font aussi des incisions pour activer la production et les conditions de la récolte sont à peu près celles de l’Oliban. Le suc huileux se concrète en larmes blanches jaunâtres devenant rougeâtres par dessiccation. Tout le liber de l’arbre est parcouru par de nombreux canaux sécréteurs très développés qui, par destruction des cellules de bordure (canaux schizolysigènes) finissent de place en place par fusionner et donner des cavités qui, comme les canaux normaux (schizogènes), sont remplis d’oléo-résine. Celle-ci peut exsuder, par suite de blessures naturelles ou être provoqués par des incisions, un liquide épais, butyreux, blanchâtre, qui se colore peu à peu à l’air en jaune doré puis en rouge brun.

On distingue surtout deux sortes de Myrrhe : 1. Myrrhe Hérabol ou Myrrhe des Somalis, de qualité supérieure, récoltée en Afrique (pays des Somalis). 2. Myrrhe Fadhli ou Myrrhe du Yémen, asiatique, venant de l’Arabie méridionale, que les collecteurs trient en deux catégories : la première (Fadhli), composée de petits morceaux lisses, non pulvérulents, pas veinés, plus appréciée, la seconde en morceaux plus gros, rouge-brun foncé, non veinés, à surface pulvérulente et forte odeur aromatique plutôt désagréable ; elle vient de Mukalla et de là, à Bombay ou Aden. (Perrot).

Caractère : Dans le commerce, la Myrrhe se présente sous la forme de masses globuleuses plus ou moins arrondies, mamelonnées, creusées d’anfractuosités et de fissures, irrégulières, de couleur brun rougeâtre, opaques et de grosseur variant de celle d’une noisette à celle d’un oeuf. Elles sont généralement recouvertes de poussière efflorescente jaunâtre, qui en masque la teinte réelle. La Myrrhe, en faible épaisseur, est translucide, se brise facilement, montrant de multiples cavités provenant de bulles d’air incluses dans la masse (elle peut même faire penser à certaines résine d’ambre, et...cela est moins poétique, à un fragment de plastique).

Odeur : l’odeur de la Myrrhe est caractéristique. Certains disent qu’elle rappelle le citron et le romarin ; elle est très aromatique. Elle peut se ramollir facilement dans la main. La saveur âcre et aromatique est un peu amère. Elle s’écrase sous la dent sans se laisser mastiquer, en donnant une émulsion avec la salive. Histoire des usages Dans le rite hébreu (bien connu du temps de Moïse) on exigeait l’emploi de la myrrhe la plus précieuse qui, d’après le "Cantique des Cantiques", devait s’écouler spontanément de l’arbre. Elle entrait dans la composition des huiles saintes utilisées par les Grands Prêtres. Les femmes des rois de Perse se parfumaient de myrrhe et les vêtements royaux en étaient imprégnés. Les mages d’Orient (Melkior) serait venu de Qana, l’actuel site de Bir Ali (aujourd’hui, un des lieux les plus magiques des côtes yéménites) offrirent au Christ naissant la Myrrhe, l’Encens et l’Or comme ce qu’ils avaient de plus précieux et les soldats romains auraient désaltéré le Christ au Golgotha avec du vin dans lequel avait macéré de la myrrhe, (Nicodème apporta même cet aromate pour l’embaumement de son corps). Après la disparition des sacrifices, l’usage de la myrrhe diminua mais il persiste toujours dans toutes les religions du monde. C’est seulement au Moyen Age qu’elle prit place en parfumerie courante, en thérapeutique et qu’on distilla l’essence de myrrhe.

La Myrrhe au Yémen et dans la région Rarement récolté dans ce pays, (encore moins que l’Encens), la myrrhe yéménite est en fait de la myrrhe somalienne. Il existe depuis de nombreuses années un véritable marché protégé qui est dirigé, au Yémen par... des femmes somaliennes, qui sont en fait, des djiboutiennes, qui au souk de Sanaa comme à Taîz ou à Aden, parlent très bien le français. Dans tout le Yémen, lors des cérémonies de mariage ou à l’occasion des grandes fêtes, il est de coutume que les femmes se parfument le corps et les jambes en plaçant un encensoir sous leur jupe. Le prix de la Myrrhe est très élevé, comme celui de l’encens.

L’Antiquité, la myrrhe et l’encens : Les Egyptiens se fournissent sur place... La tradition commerçante de l’Arabie remonte à des temps très lointains. On sait que les Egyptiens font mention du royaume d’Arabie, (et celui de Pount, qu’on situe dans l’actuelle Corne de l’Afrique). cette région lui fournissait nombre de marchandises précieuses comme les aromates, l’Encens et la Myrrhe. L’histoire a retenue la reine Egytienne Hatshepsout (1490-1469 avant J.-C.) qui est représentée sous une fausse barbe. Ayant des difficultés d’approvisionnement et voulant déjà se fournir directement, elle lança une vaste expédition de cinq navires qui ramena entre autre de la résine de Myrrhe et de l’arbre à Encens, au nombre de trente, qu’elle fit pousser dans l’enceinte du temple thébain de Deir al-Bahari (vallée des Rois). Les bas-reliefs qui se situent derrière la colonnade de la partie Est du temple funéraire qu’elle se fit construire au temps de son vivant retrace les étapes de cette expédition et les arbres à Encens y sont représentés avec leurs racines durant leur transport en bateau.

APPLICATION : Tout comme l’encens, la myrrhe (aux résines parfois exquises) se consume sur du charbon.

NOTA : Dans le cadre d’un hommage exceptionnel à Théodore Monod, le grand naturaliste disparu en novembre 2000 ; co-fondateur de la Maison du Yémen à Paris (sise Espace Reine de Saba), une exposition grand public sera présentée pendant plusieurs mois, avec une partie qui sera consacrée à l’encens et la myrrhe, résines mythiques (longuement étudiées par lui-même, et encore aujourd’hui par son ami et compagnon de route au Yémen, Mr José-Marie Bel). A cette occasion, de nombreuses résines seront présentées, objets ethniques, etc… Informez-vous sur www.espacereinedesaba.org

Espace Reine de Saba - 30 rue Pradier - 75019 Paris - Tél / Fax : 01 43 57 93 92 - Contact