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L'univers de l'Espace
Reine de Saba










HORIZON ETHIOPIQUE : Mission accomplie

Le retour des escaladeurs de la mission "Horizon Ethiopique" : compte-rendu


lire un grand article ci-dessous sur le retour de la Grande Equipée, arrivée à Paris le 28 octobre 2011 à Paris.

La Mission Ethiopique… le retour. Par José-Marie Bel, ESPACE REINE DE SABA

C’est une équipe de cinq jeunes gens, Nils, Jonathan, Lucas, Nicolas et Tom, excellents sportifs, bonnes « gueules », bronzés, légèrement amaigris, paraissant (et de toute évidence) en très grande forme qui est revenue d’Ethiopie en France après un séjour d’un mois, et que nous avons accueillie à Paris, l’après-midi du jeudi 28 octobre ensoleillé autour d’une grande table*. Ils débarquèrent rue Oberkampf chez la maman de Jonathan, envahissant le salon de leurs énormes sacs à dos, bardas en tous genres et portant les coiffes typiques et odoriférantes en poils de chèvre de Lalibela.

Avec un grand plaisir - et clôturant déjà un peu leur mission (faisant suite à une réunion « de départ de mission » à l’Espace Reine de Saba le 25 septembre dernier) - , nous leur avons proposé à vif… au sortir de l’avion Egypt Air, d’exposer les différents aspects de leur mission. Naturellement à 16 heures, - heure du thé ? - autour d’un copieux repas chaud, tout s’enclencha spontanément. Voici donc une discussion sympathique et étonnement structurée – malgré la fatigue évidente - de trois heures, avant que les protagonistes ne se reposent ou disparaissent vers leurs horizons divers ; trois d’entre eux partant le soir même ou le lendemain à "l’Océan", à Chambéry et à Chamonix, ou poursuivre leurs études, et gravir d’autres sommets, qui ceux-là déjà, sont déjà enneigés…

Déjà une question se pose : Lourdement chargés (pas moins de 50 à 60 kg chacun), comment ont-ils fait pour porter, transporter leur matériel jusqu’aux points les plus lointains du Tigray éthiopien ? La réponse est : une motivation absolue, une forme superbe et une admirable complicité… et de la chance : des compagnies aériennes (dont Ethiopian Airlines, pour le vol intérieur) qui acceptent leurs excédents de kilos et leur matériel d’escalade plus qu’original ; un mot aimable ou un sourire arrange parfois bien des chos, des contacts solides et adresses locales**, et une précieuse lettre écrite en Amharique – Sésame ouvre-toi ! – de l’Ambassade d’Ethiopie à Paris… Merci à Gebré Séfféfé.

le site choisi dans le Tigray

Des traits de caractères sont perceptibles derrière cette équipe qui dénotent une fluctuation sympathique et une force rare : j’écoute avec un réel plaisir (amical, paternel – étant le père de Jonathan – ), voire une certaine délectation, leur récit, qui à chaque phrase rebondit sur une question, une autre idée, et qui offre des réponses à une nouvelle situation. Ça fuse de part et d’autre de la table oblongue encombrée de senteurs orientales et française (camembert oblige).

Il faut remonter à la source de leur aventure qui commence à Grenoble. L’équipe s’est naturellement constituée autour du Club Alpin Français, tous « Jeunes Espoirs » de l’Isère, il y a plusieurs mois, presque un an ; ensuite, un projet, « Le » projet… qui est né et a été élaboré grâce à de multiples contacts, études, constats, recherches de parrainage, de budgets, d’adresses. Il faut dire que Jonathan a quelques expériences de la région qu’il a proposée, ayant accompli une mission en Ethiopie en 2004 pour « Brest 2004 » (exploration des sources du Nil bleu, étude des lacs éthiopiens,…). L’Espace Reine de Saba les a évidemment et aussitôt soutenus. Nous ne sommes pas les seuls, car animés d’une telle énergie, ils dénichèrent par leur propre moyen plusieurs partenaires : Bourses Expé, Petzl, Béal, The North Face, la Ville de Grenoble, le Club Alpin Français, "PlayGrenoble", ADIJ de Grenoble, "Expression", la DDCS de Rhône Alpes, Enfants d’Ailleurs et le CMBH. Depuis le début, ils ont aussitôt créé un blog, http://groupe-espoir-isere-2011.over-blog.com/, qui retrace leurs parcours.

Leur mission consistait à explorer et à ouvrir des voies d’escalade en Ethiopie du nord, dans la région du Tigray. Ils avaient raison : c’est une des plus fabuleuses contrées d’Afrique de l’Est, aux paysages superbes, au climat doux (début de la saison sèche), et avec des moyens de déplacement relativement faciles. Il y a là dans un vaste périmètre de 100 kms de très nombreux sommets, plateaux et falaises, aux roches plus ou moins résistantes, essentiellement granitiques, mais très « excitantes » pour les spécialistes qu’ils sont. Leur mission était aussi liée à l’engagement responsable et solidaire : s’entourer et employer des gens du pays, consommer local (ah ! l’injera, galette de teff fermentée – la plus petite céréale endémique, du monde - et le berbéré – savoureux piment local, mais féroce - qui broient les estomacs ! Sauf celui de Nico…), et de soutenir trois enfants des rues d’Addis Abeba, la capitale… (« Nous aurions pu aider tant d’enfants partout, il y a en partout ! Que faire de plus ? » M’ont-ils dit désarmés !).

Après un court séjour d’adaptation de trois jours à Addis, fin septembre, ils ont donc choisi de prendre l’avion pour Axum, évitant environ une semaine de route et des frais considérables ; engageant avec eux deux assistants amhara (ex cuisinier d’Hailé Sélassié, "Jah Rastafari", et garde – de matériel et de camp) amhara. Ils ont trouvé le moyen de s’approvisionner au marché d’Axum, de trouver un mini-car pour les acheminer à 15 kms du mythique site du village d’Adwa. Le savaient-ils ? La « Mission Ethiopique » a installé son camp pour 14 jours sur les plaines de la bataille d’Adwa, gagnée en 1896 par Ménélik II (et le Ras Makonnen, père du dernier Roi des Rois, Hailé Sélassié) sur les Italiens envahisseurs. Première bataille africaine sur les colons Européens qui a eu jadis un retentissement mondial ! Bien plus tard, vexé et assoiffé de revanche, Mussolini envahît l’Ethiopie dès 1936, expulsa l’empereur et s’empara de ce vaste pays deux fois grand comme la France, jusqu’en 1941, où il fut chassé par les Anglais basés à Aden. Mais c’est une autre histoire…

Etonnants et « culotés », les six garçons (les cinq isérois et leur nouveau compagnon, Mathieu, français vivant à Addis Abeba et complice d’escalade iséroise) vont demander au chef d’un petit village, Aba Gérima, la permission d’établir leur camp sur place (et pour être sous sa protection). Bonne méthode. Il y aura palabres, attente interminable au soleil, mimiques, mimes, silences face à des hommes âgés, accroupis, les observant bâton à la main (« comprenez kalachnikov africaine », rajoute Jonathan) à la main. Mais que vont-ils faire ici ces faranj (étrangers) là ? Pourquoi viennent-ils ici ? Pour gravir nos Ambas (montagnes, plateaux) ? Pourquoi ? La question, je crois, restera encore posée à leur départ… quand amicalement, ils laissèrent du matériel en cadeau. Ils s’installent donc au cœur du petit village qui pour la première et sans doute seule fois de son existence sera animé par cette très curieuse troupe !

Site et deux escaladeurs isérois

J’ai été surpris de leur méthode exploratoire du site choisi : de Grenoble, ils l’étudièrent attentivement sur… Google earth ! : « Bon rayon d’action, central, au cœur d’une vallée, proche de quelques commodités et du mont Samayata, « qui touche le ciel » à 3217 mètres d’altitude ». Rien que ça !

Leur rythme sera alors adapté à celui du pays, du soleil, de la lune et des marches plus ou moins longues de 2 h à 12 heures)… Couchés tôt (ils n’avaient pas de musique, peu de lecture mais quelques contacts téléphoniques et par SMS avec « le monde » lointain, le leur…) après des repas frugaux et locaux composés surtout de pâtes (héritage italien…), de sardines en boite, de riz, de petits œufs locaux, « des glucides… pas idéal », préparés par leur cuisinier – quel luxe ! - et douches indispensables chauffées naturellement au soleil du jour (35° en moyenne). L’eau était parfois fraîche car certains rentraient de virée quotidienne à la nuit. Ils se levaient très tôt, « à l’heure du coq » et dès les premiers rayons du soleil, avec un p’tit déj’ souvent rustique (ou parfois rien du tout… Solid as a rock, les gars), autour d’un paysage sublime et au centre de cette communauté villageoise typique, calme et discrète. Leur camp était proche d’une cabane dont le toit est équipé d’un capteur solaire (pratique pour recharger leurs batteries), à côté d’une petite école entourée de barbelés, et d’une statue désuète (kitch local et d’inspiration communiste, insolite) représentant un couple tigréen debout sur un promontoire. Voilà leur décor qu’envierait n’importe quel occidental !

Certains jours, dégourdis et hardis, ils trouveront le moyen de louer des ânes et ânesses. J’ai vu des photos, et celle qui transportait sans rechigner un chargement impression ! Ah les Ethiopiennes, même les ânesses… qui transportent de lourds fagots… ou des cordes, harnais et piolets ! Les nuits étaient fraiches, très fraîches et leurs tentes et duvets étaient adaptés et sans puce au début de leur séjour… ; avec comme voisins nocturnes des sons curieux, sans doute des hyènes ou des chacals hurlant gaiement ! Ne sont-ils pas au cœur de l’Afrique de l’Est ?

Après 5 ou 6 jours de régime sec et en prévision d’un anniversaire, Tom décide d’aller à Adwa, à pied, à 20 kms et s’en reviendra avec son sac chargé de victuailles, biscuits yéménites Abu Walad, des sucreries, du pain, du sucre, du miel, du riz ! Le bonheur du père Noël.

En route dans le Tigray

La deuxième partie de leur séjour leur permettra d’installer un nouveau camp à la base d’une montagne de plus de 3000 mètres, la fameuse Damo Gelila. En effet, deux des acolytes ont eu la bonne idée d’explorer un peu plus loin… alors, il ne s’agissait pas de quelques heures de marche mais de presque une journée qu’il a fallu pour atteindre un « bon endroit » (à escalader ! ça va de soi !), mais il n’était plus question de retourner le soir au camp… mais, plutôt d’y faire venir toute l’équipée ! Exploration difficile, parfois risquée ; ils nommèrent quelques voies. Durant cette partie de leur séjour, ils seront tous (sauf un) atteints de dysenterie inquiétante, la fatigue était là aussi. Quotidiennement, l’équipe a dû puiser leurs 4 litres d’eau par personne, sans prendre la moindre précaution ! Ils n’avaient pas assez de pastilles purificatrices d’eau… (Une tablette de Micropure par jour, soit 30 litres nécessaires) et leur système purificateur avait rendu l’âme 4 jours après leur arrivée dans le Tigray ; « Nous avions conscience que l’eau était notre épée de Damoclès » me dit Jonathan. Les bouteilles d’eau sont très chères et rares. Heureusement qu’une jolie tigréenne leur préparait des galettes de « vrai pain » au village, au lieu de l’injera, crêpe non cuite de teff, très difficile à digérer pour un non-Ethiopien ; et puis ils consommaient de temps en temps d’indispensables pâtes, riz, Coca-cola et bières locales, Dashen, du nom de la plus haute cime éthiopienne… Il y a 10 jours, un cri d’alarme nous a été envoyé en Europe : risque d’amibiase… Je croyais devoir les attendre avec une ambulance à Paris ! Ce ne fut pas le cas, heureusement. Par précaution, devront-ils faire des analyses médicales à Grenoble ou Chambéry ? C’est sûr que quand on va au bout du monde, des précautions sont à prendre et à considérer.

J’ai vu certaines de leurs 2000 photos, fameuses, qui dévoilent leurs explorations, leurs efforts (après 15 jours, la fatigue se fait sentir : « nous avons constaté que l’énergie déployée était en rapport avec le pays et nos conditions de vie, le soleil, le climat, les rythmes journaliers, l’alimentation, et nos ascensions multiples ». Jonathan, l’écrivain du groupe, a consigné quelques 200 pages, avec croquis, dans son cahier de mission. Comme ils avaient décidé ensemble de laisser à Paris leur lourde perceuse, ils n’ont pas percé les diverses voies, ne laissant ainsi aucun matériel technique fixe en place. Gravissant à plusieurs reprises des Ambas de l’ordre de 200 mètres d’un niveau allant du TD+ à ABO, ils semblent comblés de leur aventure.

Ces garçons m’ont paru sages et déterminés dans leur mission. Leur passion commune les a éloignés des Buna Beyt et Tej Beyt , bouges typiques (maisons du café, maisons d’hydromel) où tant de jolies Ethiopiennes les attendaient. Ascètes ces garçons ? Non, certainement pas, mais sérieux et déterminés. Mis à part de courts séjours à Axum et à Adwa pour des approvisionnements indispensables, un arrêt d’étape d’une journée à Lalibela (escalade de l’Ashété Mariam, un sommet atteint en 1 heure au rythme éthiopien (comprenez 1000m/h), la visite de cette cité historique dans des conditions amusantes et originales-, et la fin de leur grande virée à Addis « la dynamique »… l’équipe restera concentrée sur sa mission, son but… et son horizon ! Bravo ! Elle est partie avec deux caméras et a l’intention de monter un film et de le présenter en conférence. Je les encourage vivement ! Tout comme le projet d’exposition qui leur permettra de faire partager à un vaste public (averti ou non) leur passion, leur aventure, leurs multiples anecdotes, impressions et constats. Il faut absolument, que forts de ce succès, ils y travaillent aussitôt… même si certains retrouvent les bancs de la fac mercredi 2 novembre…

Que retiendront-ils de leur aventure ? Tant de choses : « On va tous revenir changés ; c’était très fort, en terme d’humanité et de rencontres… L’escalade était notre but, un prétexte, en fait la seule chose qui ne nous était pas inconnue, mais nous ne soupçonnions pas la force d’un tel voyage, une immersion totale dans un pays fabuleux, une vraie aventure et une rencontre avec les Ethiopiens… Nous sommes heureux d’y avoir séjourné et avons une grande envie d’y retourner… et d’escalader encore ici et là… Nous avons côtoyé aussi la misère, la pauvreté, nous avons été touchés par ces situations, mais le fait de parrainer trois enfants, dont l’un a six ans, nous a donné du sens, celui de leur offrir un autre destin, plus heureux. C’est peu, certes, il y a tant à faire ! On a grandit avec ça, on finit par un pic humain avec cette rencontre et la sensation que le soutien à ces enfants sert à quelque chose… »

Fort de cette aventure totalement réussie et dans l’attente de découvrir d’autres images, propos et leur film, le « club des cinq » envisage dès à présent de monter d’autres projets : Horizon Asie, Horizon Amérique, etc.… Il est évident qu’avec leur passion et leur confiance, ils trouveront des parrains qui les aideront à réussir d’autres projets.

José-Marie Bel, Paris, ce vendredi 28 octobre 2011 (terminé le 10 novembre 2011, anniversaire rimbaldien - 120 ans - )

* : ragout yéménite, eau en bouteille, vin, fromage, yaourts et fruits… ** : dont Claude et Jedda Vilain, des amis, qui ont une agence à Addis Abeba, Amba Tour. *** : L’équipe au complet : Nils GUILLOTIN, Jonathan BEL-LEGROUX, Lucas FIORESE , Nicolas HONEGGER, Tom BURETTE. C’est adjoint à l’équipe MATHIEU, français passionné d’escalade vivant à Addis.


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