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L'univers de l'Espace
Reine de Saba










La grande aventure du Café


Le café, originaire des hauts plateaux d’Abyssinie fut exploité pour la première fois en Arabie du sud. Mais c’est au XVII ème siècle sous l’empire turc-ottoman que le café se répandit en Égypte, en Turquie et dans la Méditerranée, avant de conquérir le monde par bien d’autres voies, celles d’Extrême-Orient et surtout des Antilles.

“Le café est l’or de l’homme de la rue et, comme l’or, il apporte à tous un sentiment de luxe et de noblesse”. Abd al-Khader al-Gaziri.

Une légende qui vient d’Abyssinie. L’origine du café fait l’objet de récits légendaires, anté-islamiques.

Il y a quelque 1500 ans, Kaldi, jeune chevrier d’Abyssinie constatait que ses chèvres redoublaient d’activité lorsqu’elles mangeaient une sorte de baie sauvage, il apporta celle-ci au prieur du couvent voisin. Un ecclésiastique en fit une décoction qui lui permit, ainsi qu’à ses moines, de rester éveillé pendant les veillées de prières. Il y a aussi Abu I-Tayab al-Gazzi, frère du biographe Najm al-Din, qui a écrit que le roi Salomon sur ordre de l’ange Gabriel, fut le premier à avoir utilisé du café, provenant de grains du Yémen afin de guérir des habitants atteints d’une maladie...

Des origines et des noms

D’autres sources moins romanesques nous éclairent, comme celle de Abd al-Khader al-Gaziri qui a publié vers 1558 un "Traité sur l’usage du café" :"il est dit que le premier qui introduisit le café au Yémen, fut l’illustre saint Abdallah Mohamed Dhabani Ibn Said, mais nous avons appris par le témoignage de nombreuses personnes, que l’usage du café au Yémen, son origine et sa première introduction dans cette région, sont dus au très savant Ali ben Omar Al Shadili. Avant cette époque, on faisait le café, avec une substance végétale, nommée Cafta qui sont des feuilles du Kat, et non avec des grains de café". En effet, les origines du café se mélangent à celles du qât, ce fameux arbuste tant apprécié dans cette région, dont les feuilles sont mastiquées et emmènent au paradis. En 1770 dans son ouvrage, "Epices et produits coloniaux", un certain Abbé Raynal parle du café :"On croit communément qu’un Mollah nommé Chadely fut le premier Arabe qui adopta le café dans la vue de se délivrer d’un assoupissement continuel qui ne lui permettait pas de vaquer convenablement à ses prières nocturnes. Ses Derviches l’imitèrent. Leur exemple entraîna des gens de loi. On ne tarda pas à s’apercevoir que cette boisson purifiait le sang par une douce agitation, dissipait les pesanteurs, égayait l’esprit, & ceux mêmes qui n’avaient pas besoin de se tenir éveillés, l’adoptèrent. Des bords de la mer Rouge, il passa à Médine, à La Mecque & par les pèlerins, dans tous les pays mahométans...".

Moka : la ville du café

Unanime donc ! le café a bien été découvert sur les hauts plateaux d’Abyssinie dans la région de Kaffa, (l’actuelle Ethiopie) et a été exploité au Yémen. C’est de Mokha ou Moka, cité portuaire que partaient ces sacs de grand cru vers le nord de la mer Rouge, mais c’est à Bayt al-Fakih (la maison du sage) au coeur de la Tihama, plaine côtière, humide et chaude, qu’étaient rassemblées les productions venues des montagnes.

Mokha, fût même aux XVIIème et XVIIIème siècles, une des cités les plus importantes d’Arabie. Cette ville eût même l’audace d’être la rivale de Sanaa, avec ses 20 000 habitants, ses palais, jardins et ses splendides mosquées, protégée par de puissants remparts. Mais, le destin d’une ville est ainsi, bombardée par les corsaires français en 1737, en représailles à un contrat non honoré. Mokha, est supplantée au XVIIIème par Aden, pour être oubliée des mémoires. Aujourd’hui, elle ne conserve dans ses ruines que son mythique nom, qui de par le monde est devenu commun : Moka, où en 2005, on ne boit que du thé, ou du... nescafé.

Les voyages du café

L’or noir, l’antique pétrole, cette boisson du "diable" pour certains, ou pour d’autres, qui rapprochait de Dieu, devient vite une source d’enrichissement ! D’autant plus que la fameuse route des épices et de l’encens n’existait plus depuis longtemps.

Au Yémen, le secret du café devait être jalousement conservé. Seuls les grains (sans enveloppe, devenant donc stériles) pouvaient être exportés et il était formellement interdit de faire commerce ou don de graines, et encore moins d’arbres. Pourtant en 1616, les Hollandais parvinrent à subtiliser quelques graines et à les implanter aux Pays-Bas. Bravant les interdits, ces derniers firent d’autres tentatives, à Ceylan en 1658, à Java et Sumatra en 1669...

Des armateurs Anglais, Hollandais, Français, (et même plus tard, des Américains), plus respectueux, soucieux de garantir des livraisons régulières et de qualité à leurs royaumes ou empires, installèrent à Mokha, des comptoirs, dépôts et même des ateliers de torréfaction.

Les premières représentations "diplomatiques" au Yémen étaient nées. Le café fut aussi très apprécié par Louis XIV puisque les Français y envoyèrent pendant trente cinq ans leurs corsaires (voir encadré). Le roi Soleil connaissait bien ce fameux breuvage, ayant été initié dés 1669 par Soliman Agha, ambassadeur de Turquie, qui recevait fastueusement toute la noblesse parisienne, une tasse à la main.

Café… Histoire d’un grain : Une exposition inédite qui met en valeur les régions originelles du café en Ethiopie, celles de productions et d’exportation du café au Yémen (Moka), puis la ville d’Istanbul (Constantinople pour les européens nostalgiques), capitale de vie heureuse avec le café.

Une exposition programmée pour trois mois, sans doute plus, avec documents et conférences.

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