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L'univers de l'Espace
Reine de Saba













Il était une fois... l’ETHIOPIE - exposition en Guadeloupe

album photos de l’exposition Ethiopie : mois de l’Afrique. Février 2010


Un mois d’exposition à Pointe à Pitre, dans le magnifique ancien presbytère, restauré il y a peu et nommé "le Pavillon de la Ville"... non loin de la cathédrale, qui remonte à plus de 100 ans. Deux étages complets soit presque 400 m2 d’exposition, avec plus de 350 oeuvres, objets, et Lucy (aimablement prétée par l’Ambassade d’Ethiopie ) Paris), exposition montée spécialement par José-Marie Bel (du 28 janvier au 5 mars 2010), avec le soutien local et précieux de Antoine Lombard et Monique Juliot. Quelques bémoles : quasiment aucune aide pour le montage et démontage, pas assez de vitrines d’exposition, communication organisée par les organisateurs oubliant... par mégarde... de mentionner et de citer à la presse, notamment : les créateurs (l’Espace Reine de Saba, sans qui jamais une telle exposition n’aurait eu lieu) ainsi que le photographe et le responsable de l’exposition, pourtant bien présent. Autre bémole : un magnifique arbre bicentenaire dans le jardin de ce lieu qui risque de mourir bientôt, car le service des jardins de PAP a eu la curieuse idée de le couvrir de gazon synthétique et asphalté ! ça fait beau, et il n’est pas nécessaire d’arroser ! Vive le respect du Patrimoine et de la Nature. Vos commentaires peuvent nous être envoyés... nous mes mettrons dans cette rubrique. Ci-dessous (après l’album pde photographies) le texte inaugural du mois de l’Afrique mettons à l’honneur l’Ethiopie, prononcé par le Dr Desta Moguès le 4 février 2010.

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Desta Moguès, texte inaugural
Le mois de l’Afrique 2010. Guadeloupe.

Lucy, 3,2 millions d'années Croix éthiopiennes le Drapeau d'Hailé Sélassié HAILE SELASSIÉ, le Ras Tafari Hommage à Hailé Sélassié Ethiopie, années 30 - 40 HARAR, Rimbaud et les brillés Encens, Myrrhe et bijoux Carnet de voyage en Ethiopie Ethiopie : objets ethniques Photographe : José-Marie BEL Le NIL, ses sources éthiopiennes Lac Tana et les tankwas Il était une fois l'Ethiopie Arbre bicentenaire dans le jardin du Pavillon de la Ville

Texte inaugural :

L’Ethiopie au cours du mois de l’AFRIQUE

Texte de Mr Desta Moguès, introduction à l’ouverture du mois de l’Afrique en Guadeloupe, organisé par l’association Racines durant le mois de février 2010. Discours prononcé le 4 février 2010 au Centre Culturel Sonis à Pointe-à-Pitre, précédent divers événements culturels, dont celui permanent pendant trois semaines : l’exposition « Il était une fois… l’Ethiopie » présentée au Pavillon de la Ville, à deux pas de la Place de la Victoire. Nous remercions Mr Desta Moguès, médecin exerçant à Basse-Terre, devenu guadeloupéen sans avoir oublié son attachement à son pays, l’Ethiopie, de nous avoir fait parvenir ce présent discours.

Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, bonsoir. Je remercie le club Chasteau de Basse –Terre de m’avoir invité à vous parler d’Ethiopie et vous présenter un diaporama pour vous inciter un jour peut être, à découvrir ce pays. Actuellement se déroulent en Guadeloupe des manifestations ayant pour thème « le Mois de l’Afrique ». Ceci est organisé tous les deux ans par une association dénommée « RACINES » qui tente de faire découvrir les différents visages de l’Afrique aux jeunes guadeloupéens. L’idée principale est la suivante : nous guadeloupéens d’aujourd’hui, nous savons qui nous sommes, nous connaissons parfaitement la douloureuse histoire qui nous a amené jusqu’ici. Mais on ne nous parle que de cela et rien que de cela. Mais l’homme noir existait bien avant l’esclavage. Quelle en était son histoire .Il est peut être temps de la découvrir pour retrouver nos racines et notre âme propre afin de dépasser cet héritage douloureux et se projeter vers l’avenir. Le nom de leur association « RACINES » est inspiré d’une citation qu’on attribue à Marcus Garvey : « Un peuple qui ne connaît pas ses origines,qui abandonne son histoire et sa culture, est comme un arbre sans racines » . Ainsi cette année, cette association a choisi de mettre à l’honneur l’ETHIOPIE.

Je vais donc tâcher de rappeler devant vous, sans chauvinisme aucun, les raisons pour lesquelles ce pays a été mis en avant. Sauf pour ceux qui, déjà s’intéressent par eux même, au vieux continent africain, et j’en connais pas mal dans cet auditoire, les images véhiculées par les média concernant l’Ethiopie, se limitent à peu de choses. Au mieux, ses superbes athlètes coureurs de fond, admirés par tout le monde, et au pire, à la famine qui a sévi dans le pays à plusieurs reprises, ainsi que des échos de guerre. Or l’Ethiopie est bien plus que cela, vous allez en juger par vous –même !! C’est d’abord, un pays qui fascinent tout le monde, les Etrangers en premier lieu, mais aussi les Africains eux-mêmes et ceci à plusieurs titres. En voici ses particularités : D’abord, le nom même d’ « Ethiopie » a une résonance trop européenne pour un pays d’Afrique, cela vient du grec « aethiops », voulant dire « Pays des hommes au visage brulé » ; L’Ethiopie est connue aussi sous le nom d’Abyssinie, provenant du mot arabe HABESH, qui désigne une des tribus habitant l’Arabie du sud et qui a émigré en Ethiopie au début de son histoire. Le mot Ethiopie est cité 44 fois dans la bible, si on devait douter de son ancienneté.

C’est reconnu comme étant, le plus ancien royaume d’Afrique et l’une des premières monarchies du monde, avec celle de Perse et Babylone, celle de l’Empire Ottoman, et celle de la CHINE. C’est le seul Etat africain, le seul, ayant chèrement défendu et gardé son indépendance et sa souveraineté, depuis la nuit des temps ; C’est, en Afrique, le seul pays doté d’une langue principale d’origine sémitique et possédant un alphabet, unique au monde. Un alphabet qui ne fait référence, à aucune des langues appartenant aux puissances qui ont colonisé le continent. Cet alphabet a 2000 ans d’histoire. Il est caractérisé par 33 lettres avec sept variantes. La langue éthiopienne a deux versions ;une version liturgique, « le guéez » réservée exclusivement à l’Eglise et une version populaire et officielle « l’amharique » pratiquée par 60% de la population. La version liturgique a eu ses lettres de noblesse dés le 6e siècle grâce à un véritable génie de la musique et de la poésie :le prêtre YARED, méconnu au-delà des frontières à cause de l’isolement de l’Ethiopie pendant des siècles. Il a pu laisser à la postérité les chants religieux orthodoxes grâce à des annotations musicales qu’il avait inventé avant le solfège .Il a été canonisé St YARED, par l’église orthodoxe. L’académie de musique d’Addis Abeba porte son nom. C’est aussi, le pays qui abritent les « Falashas », les seuls juifs à la peau noire, et les seuls noirs dans le monde de confession judaïque. Ce sont les juifs errants du peuple noir, « falasha » voulant dire émigré. Ils seraient les descendants d’une des douze tribus d’Israël qui ,au cours de l’exode avec Moïse, de l’Egypte vers la Terre Promise, serait remontée le cours du Nil et installée en Éthiopie, plutôt que de traverser la Mer Rouge . Ils étaient 500 000 dit-on au 16e siècle, et 30 000 seulement au 20e siècle. Ils auraient alors fondé le premier Etat juif avant l’Etat d’Israël. La plupart de ces Falashas ont émigré récemment en Israël par dizaines de milliers, grâce à un pont aérien historique, organisé par l’état hébreu en quelques jours, en1984 puis en 1991, au cours de l’opération MOÏSE et SALOMON.

Enfin, le pays se targue d’avoir une civilisation de plus de 3000 ans, excusez du peu, avec le royaume d’Axoum qui s’étendait, du nord Soudan au sud de la péninsule arabique, et de part et d’autre de la Mer Rouge. Ceci n’est point une légende, car Axoum existe toujours, avec ses 300 immenses stèles, pour certaines toujours debout, depuis l’Antiquité, et taillées d’un seul bloc. La plus grande mesure 33m, c’est à dire un bâtiment de 13 étages, avec un poids de 600 tonnes. Mieux, on dit même que l’Ethiopie est le berceau de l’humanité : En effet les ancêtres de l’homme y sont apparus il ya 4.5 millions d’années. Vous avez sûrement entendu parler de Lucy « Dinqnesh »,l’ ancêtre de l’Homme, découverte dans le sud est de l’Ethiopie et dont la réplique est exposée actuellement en Guadeloupe à l’occasion de ce mois de l’Afrique. C’est le plus ancien squelette d’un australopithèque découvert en Ethiopie en 1974 reconstitué à 40% et qui daterait d’il y a 3.2 millions d’années. Le célèbre paléo anthropologue éthiopien Dr Zeresenay, qui a la chaire d’anthropologie à l’Académie des Sciences de la Californie ,nous as fait l’honneur de sa présence et , a donné 3 conférences en Guadeloupe dont la dernière s’est tenue hier, au lycée Gerville Réache. En effet, il est lui-même à l’origine de fouilles exceptionnelles et de découvertes mondialement connues, avec « SELAM »,une fillette de 6 ans environ, encore plus ancienne que Lucy de plus de 100 000 ans. D’autres hominidés plus anciens ont été découverts au Tchad ,comme ToumaÏ ,mais les fossiles correspondants aux homosapiens sapiens,qui sont les plus proches de nous sont originaires d’Ethiopie. Une fois ces particularités spécifiques dégagées, on peut dire de l’Ethiopie sur le plan général, que s’il ya quelque chose qui définit ce pays, c’est l’absence d’homogénéité. La marque de fabrique de l’Ethiopie est caractérisée, par une diversité ethnique, linguistique, religieuse, géographique, climatique ainsi même que dans la faune et la flore.

Par contre où que vous soyez en Ethiopie, sachez qu’une seule chose reste commune, la fierté séculaire de son peuple même dans la douleur, le respect de l’étranger et la chaleureuse hospitalité dont vous pouvez jouir à tout instant. Vous pouvez me croire.

Par sa position géopolitique, c’est un Pays imprégné d’influence arabe, judaïque et méditerranéenne, constitué d’une mosaïque de peuples parlant 80 langues, dont trois principales seulement sont utilisées de façon officielle : amharique, oromo, tigrigna L’Ethiopie est située à l’est du continent africain, sur ce qu’on appelle communément, la « corne de l’Afrique » et elle est traversée du nord au sud par la Grande Faille ou le Rift Valley .On y voit se profiler, en son sein, un chapelet de lacs volcaniques. Véritable paradis pour touristes, où l’on retrouve les plus beaux spécimen des 800 espèces d’oiseaux présents dans ce pays, dont 16 espèces ne se trouvent nulle part ailleurs qu’en Ethiopie. Ce pays recouvre une superficie équivalant à deux fois la France .C’est le 7e état africain par sa superficie, et qui possède une population de 80 millions d’habitants, dont plus de 5 millions résident à Addis Abeba, sa capitale. Addis Abeba ,qui veut dire « Nouvelle Fleur »est une ville toute jeune , 1887,fondée par Ménélik II.Elle est aujourd’hui, incontestablement la capitale de l’Afrique toute entière. En effet, l’Organisation de l’Unité Africaine, fondé en 1963 y a inauguré son siège, la même année. De nombreuses agences internationales ayant trait aux affaires africaines, y ont aussi implanté leur siège. C’est une ville cosmopolite de plus de 5 millions d’habitants entourée, de montagnes boisées d’eucalyptus venus d’Australie, et perchée à 2700 m d’altitude, c’est-à-dire deux fois l’altitude du volcan « la soufrière » de la Guadeloupe. Le climat y est tempéré et les nuits sont fraîches.

Pour parler de la Géographie : Représentez-vous l’Ethiopie comme une succession de montagnes escarpées , infranchissables ,protégeant un immense plateau central, équivalent à la moitié du territoire, lui-même disposé en plusieurs sous plateaux d’altitude variées et traversés par de nombreux fleuves. Il existe 19 sommets de plus de 4000 m d’altitude, dont le plus haut le « Ras Dashen » culmine à 4600m, à peine moins haut que le Mont Blanc et des volcans, les plus nombreux d’Afrique, encore en activité pour certains .Le volcan ERTA ALE que nous avons vu dans l’émission Ushuaia est un lac de lave en fusion, il se trouve dans la dépression Danakil .Il a un cratère qui fait 1600m de longueur et 700m de largeur. Malgré la proximité de l’Equateur, le climat de ces hauts plateaux est tempéré, propices à l’élevage et à l’agriculture. D’ailleurs 90% de l’économie du pays est basée sur l’agriculture et l’élevage. Sachez que L’Ethiopie possède le plus important cheptel d’Afrique. Le café a pris naissance dans la province du kefa, dont il a tiré son nom, il occupe une place de choix dans les produits exportés, au même titre que les oléagineux, coton, les peaux de bêtes et l’or. L’Ethiopie est un véritable château d’eau pour toute l’Afrique de l’est. Cela s’explique par le fait que plus de 50% de son territoire se trouvent à plus de 2 000 m d’altitude. On estime à 115 milliards de mètres cube, la quantité d’eau qui se déverse de ses fleuves chaque année. Sa capacité hydroélectrique est telle qu’elle pourrait fournir de l ‘énergie pour toute l’Afrique . D’immenses fleuves, ravinant ses flancs de montagnes se déversent vers le Soudan et l’Egypte, la Somalie et le Kenya en emportant 50% de limons fertiles et faisant le bonheur de nos voisins. En effet, au delà de la combativité du peuple éthiopien contre tout envahisseur, le relief escarpé et l’immensité du territoire a été un atout majeur dans la préservation de cette indépendance, mais aussi une cause de son splendide isolement pendant plus de 3 siècles. C’est ainsi, d’ailleurs, qu’elle a pu préserver sa religion chrétienne orthodoxe copte contre les attaques des hordes islamiques. Ce qui lui a valu l’appellation, « d’un îlot de christianisme dans un océan d’Islam », ou l’empire du Prêtre Jean. Le NIL est le plus long fleuve du monde ,6700km. Son principal affluent, le Nil Bleu prend sa source dans le lac Tana grand comme deux fois la Guadeloupe .Il existe des monastères cachés sur des îles du lac Tana, qui sont de véritables sanctuaires inviolables et recèlent de nombreux trésors de l’église, jalousement préservés. Cet affluent qui lui apporte 85% de ses eaux , rejoint le Nil Blanc à Khartoum, après une des plus belles chutes du monde et continue son long parcours vers la Méditerranée, en assurant la survie et l’essor de la civilisation, à la fois en Ethiopie, au Soudan et en Egypte, depuis des temps immémoriaux. De nombreuses tentatives de domination et de colonisation par les Portugais, les Turcs, les Italiens et même les Anglais ont, tour à tour, échoué. Mais la plus symbolique des victoires dans l’esprit de tout homme noir , doit être celle de la bataille d’Adoua . Le 1er mars 1896, il y a exactement 114 ans, dans la plaine d’Adoua en Ethiopie, une armée purement africaine, infligea une sanglante défaite, à trois colonnes italiennes attaquées successivement avec une foudroyante vitesse. C’était, l’éclatante victoire de l’empereur Ménélik II, non seulement sur l’armée italienne, mais surtout sur le jeu de partage et de l’asservissement total du continent africain, par les puissances coloniales. L’artisan de cette victoire était Ras Mekonnen, le père de Hailé Sélassié. L’homme blanc, jusque là Dieu incontesté et invaincu sur le continent noir, venait d’essuyer son premier échec. Evénement stupéfiant d’une importance mondiale, la bataille d’Adoua revêtait pour les Africains, une signification historique riche de symboles. L’Ethiopie en aura tiré un certain prestige et siégera alors en 1924 à la Société Des Nations ,en tant que membre à part entière, pour parler d’égal à égal avec les puissances de l’époque. La SDN sera remplacée en 1945 par les Nations Unies.

S’ils ont autant de particularités et une histoire peu commune, d’où viennent les Ethiopiens ? Selon une tradition de ce pays, qui se perd dans la nuit des temps, deux générations après le Déluge ; un petit fils de Noé s’en alla en Egypte, remonta le cours du Nil, traversa la Nubie et se fixa sur les terres élevées du plateau éthiopien. Ses descendants se multiplièrent comme grains de sable, et bâtirent Axoum, la capitale historique de l’Ethiopie, avant la naissance d’Abraham. Les descendants de Shem, les émigrés d’Arabie, les réfugiés de Palestine et de Sinaï seraient venus chercher refuge à Axoum et se seraient mélangés à la population autochtone. Toute l’histoire de l’Ethiopie ancienne commence par Axoum. On a retrouvé des pièces de monnaie frappées au 3e siècle avant Jésus Christ, par le Royaume d’Axoum. D’ailleurs la merveilleuse légende de la reine de Saba et du roi Salomon commence par Axoum. Il y a aujourd’hui 3 milles ans, vers l’an 1000 avant Jésus Christ, ce royaume d’Axoum faisaient des échanges commerciaux de part et d’autre de la Mer Rouge .C’est ainsi que, attirée par l’extraordinaire sagesse et habileté légendaire du roi Salomon, « Makeda », c’est son nom, la reine de Saba et d’Ethiopie entreprit de lui rendre visite avec 797 chameaux chargés d’or, de pierres précieuses et des épices. La Bible, le Coran, le livre d’or royal éthiopien, parlent tous de cette visite royale. A l’issue de cette visite, elle se serait convertie au judaïsme et, arrivée à AXUM, donna naissance à un fils qu’elle appela Ménélik. Celui-ci retourna à l’adolescence à Jérusalem, s’y fait reconnaître par son père, et se fit couronné roi d’Ethiopie .Il retourna à Axoum en emportant les TABLES DE LOI DE MOISE qui seraient toujours entreposées à la cathédrale Sainte Marie de Sion à Axoum .

Ménélik était le 99e roi de la dynastie salomonienne qui s’est poursuivie jusqu’à la chute de l’Empereur Hailé Sélassié en 1974. Mais c’est au 4e siècle de notre ère, que le christianisme fut introduit par des moines syriens orthodoxes, qui baptisèrent le roi Ezana de l’époque, le premier roi chrétien d’Ethiopie. C’était un siècle avant le baptême du premier roi chrétien de France, Clovis 1er. Permettez-moi de survoler l’Histoire, car le prophète Mahomet est passé par là, dès le 7e siècle. Après une période obscure, provoquée par l’expansion guerrière de l’Islam, l’Ethiopie fut attaquée à la fin du Xe siècle par une reine barbare, « Goudit », qui régna sur les populations juives locales, détruisit le pays, brûlant les églises et monastères. La chute du royaume d’Axoum commence à cette époque. Mais c’est au 12e siècle, qu’un roi chrétien du nom de « Lalibela » ,hors de la lignée salomonide, fit ériger sa capitale au sud d’Axoum. Les pèlerinages en Palestine devenant hasardeux, il voulut bâtir dans les montagnes d’Ethiopie, une Jérusalem de remplacement pour les pèlerins. Ce sont les onze églises monolithiques de Lalibela, taillées à même le roc, en dessous du niveau du sol et qui auraient demandé probablement, un siècle d’effort. Ces églises constituent actuellement le plus grand attrait touristique du pays et sont bien sûr, classés par l’UNESCO au même titre que les Pyramides , comme patrimoine mondiale de l’humanité et la 8e merveille du monde. Le royaume d’Axoum était si puissant que l’empereur de Byzance fit appel au roi Kaleb d’Ethiopie pour protéger les chrétiens contre les persécutions. Kaleb traversa la Mer Rouge , apaisa la région et les éthiopiens resteront presque un demi siècle en Arabie. Ils ne revinrent à Axoum que l’année même de la naissance du prophète Mahomet.

La dynastie salomonienne continua avec plus ou moins de bonheur jusqu’en 1508. Puis , submergée par une marée musulmane surgie de la Somalie, l’Ethiopie chrétienne finit par s’écrouler en flammes et le coup de grâce lui ait porté par un chef guerrier musulman « le Gaucher » qui détruisit Axoum en 1534 . Au 16e siècle, le roi Fasiledes a chassé les Portugais et leurs jésuites qui essayaient d’implanter la religion catholique avec un certain succès. Il fit de GONDER la capitale du pays .Son palais reste, aujourd’hui, un des vestiges du passé historique de l’Ethiopie. Longtemps après, un descendant authentique de la lignée salomonienne, Ménélik II ,celui la même qui était le vainqueur d’Adoua ,sera nommé empereur. Voici, brossée succinctement, l’histoire authentique et la légende, concernant l’Ethiopie. Parlons maintenant, de celui ,dont vous avez tous entendu parler, en bien ou en mal, car mondialement connu et qui a marqué de son empreinte, l’histoire contemporaine de l’Ethiopie. Je veux parler de : Hailé Sélassié A la mort de Ménélik II, sa fille remonta sur le trône, mais Ras Teferi (ndlr : expression plus commune : Tafari), futur empereur Hailé Sélassié, fut le régent pendant 14 ans et tint la destinée du pays en main, dés cette époque. Les « Ras Teferians » , ou RASTAS tirent leur nom de Ras Teferi qui signifie le Seigneur ou le Prince Teferi . Ras Teferi sera couronné le 2 novembre 1930 sous le nom de « Haile Sélassié 1er, roi des rois , Empereur d’Ethiopie, lion conquérant de la Tribu de Juda, élu de Dieu. »

5 ans après le couronnement, Mussolini, voulant effacer l’affront de la défaite d’Adoua, 40 ans auparavant, lança sur l’Ethiopie, ses blindés, ses troupes munies d’armes modernes, mitrailleuses et lance flammes. Et comme il avait la maîtrise totale du ciel, ses avions chargés de gaz moutarde et de bombes incendiaires, interdits alors par la convention internationale, se sont employés à déverser la mort et la désolation dans les moindres foyers. Un an après le début des hostilités, Hailé Sélassié s’exile en Angleterre refusant l’armistice, pour préserver la souveraineté du pays. Addis Abeba est tombée, mais une résistance farouche qui durera 5 ans s’est organisée dans tout le pays, pendant que l’Empereur défendait vainement sa cause, devant la société des Nations. L’Empereur retrouve son trône, jour pour jour, 5 ans après l’occupation fasciste. L’Italie fasciste, alliée de l’Allemagne, est vaincue avec l’aide des Anglais ; mais la guerre a laissé le pays exsangue et tous les intellectuels décimés. Hailé Sélassié s’attaque alors, tout seul, à la reconstruction et modernisation du pays . Il remplit toutes les fonctions d’un monarque éclairé : Éducation, paix, développement du prestige national et promesse d’un régime parlementaire. Il dote son pays de constitutions qui se révèlent être , des instruments de renforcement de son pouvoir absolu. A la fin de la 2e Guerre Mondiale, les Nations Unies optent pour la fédération de l’Erythrée avec l’Ethiopie. Mais dix ans après, l’Empereur abroge unilatéralement le lien fédéral pour faire de l’Erythrée une des provinces d’Ethiopie .Cette annexion se révélera être une grossière erreur politique, exploitée par les opposants. Ce fut le début d’une guérilla organisée, la plus longue et la plus meurtrière de l’Histoire moderne. Je puis en témoigner personnellement, pour avoir opéré à longueur de jours et de nuits en Erythrée, des gamins de 16 ans, envoyés au front par le régime de Mengistu, pour en faire de la chaire à canons. Cette guerre s’est terminée au bout de trente ans, par l’indépendance de l’Erythrée et l’enclavement de l’Ethiopie sans aucun accès à la mer. Alors qu’une vague de nouveaux états africains acquièrent l’indépendance depuis 1960, arborant fièrement leurs drapeaux aux couleurs vert –jaune-rouge,devenus hautement symboliques : « vert ,symbole de fertilité, jaune, symbole de la liberté religieuse ;rouge, le symbole du sacrifice payé pour la préservation du territoire . Hailé Sélassié inaugure et préside en 1963, la première conférence de l’Organisation de l’Unité Africaine dont le siège définitif sera , désormais, Addis Abeba. Tout un symbole !!

Enfin, l’Afrique, qui a retrouvé sa dignité et son identité propre, pourra parler d’une seule voix. Dés lors, délaissant la politique intérieure du pays, Hailé Sélassié s’emploiera à bâtir son prestige international. Il envoie un bataillon pendant le Guerre de Corée en1951 aux côtés des troupes des Nations Unies. Il est considéré comme le père de l’Afrique et le chantre du Panafricanisme à l’instar de Marcus Garvey et de Dubois ,30 ans avant lui. L’orientation panafricaine de la politique internationale d’Ethiopie a commencé en 1960 lors des événements du Congo. L’Ethiopie y participe en envoyant une brigade, comme contingent des casques bleus, chargée du maintien de l’ordre et de l’évacuation des Belges. Le succès de cette opération qui a duré 4 ans a constitué un excellent tremplin politique pour l’Empereur. Le motif non avoué de cette intervention était de défendre l’Afrique contre l’oppression. D’ailleurs, voulant répondre positivement à ce mouvement de retour en Afrique, prôné par Marcus Garvey, Hailé Sélassié concéda à accueillir, à Shashemené, au sud d’Addis Abeba, la communauté Rasta. Cette communauté parlait de l’Ethiopie comme la Terre Promise du peuple noir où vivait un prince libérateur et invaincu, régnant sur un pays libre depuis la nuit des temps.

Au cours de la Guerre froide entre les deux blocs, l’Ethiopie fera partie des 21 pays non alignés avec l’Egypte de Nasser, la Yougoslavie de Tito et l’Inde de Nehru à la conférence de Bandoeng en 1955. Pendant ce temps, la situation interne de l’Ethiopie se désagrégea, du fait de la lutte de pouvoir entre les grands seigneurs féodaux et des généraux réformateurs, en face d’un monarque vieillissant. Pourtant, Hailé Sélassié était le plus progressiste de tous ceux qui l’entouraient, et était en avance sur son époque, que le régime féodal maintenait dans un système moyenâgeux. Après un coup d’état qui éliminera dans le sang les plus grands seigneurs féodaux et ses proches collaborateurs, après la révolte incessante des étudiants , le soulèvement des paysans ,le durcissement du problème érythréen et par-dessus tout ,une famine qui menaçait plus de dix millions de personnes, les conditions étaient réunies pour abattre le régime. Les militaires se sont engouffrés dans la brèche, et ont déposé en 1974 Haïle Selassié, après 57 ans de règne sans partage, en tant que régent, roi des rois et empereur. Il mourut l’année d’après en Août 1975. Le régime marxiste du colonel Mengistu, qui avait tout misé sur la guerre, a ,lui aussi fini par sombrer après la chute du mur de Berlin, et disparut à son tour dans un innommable chaos. Actuellement le pays est apaisé, un système politique favorable au développement du pays et aux échanges avec l’extérieur est en place depuis 1991. L’Ethiopie est en pleine expansion économique et le tourisme y est très développé avec possibilité d’accéder par air ou par route à tous les coins hautement touristiques et bien équipés, du pays. Je ne peux conclure mon exposé sans vous révéler quelques particularités qui surprennent le visiteur potentiel que vous êtes. L’Ethiopie utilise le calendrier Julien et présente un retard de 8 ans sur le Calendrier Grégorien que vous utilisez actuellement. Cela correspondrait à la date d’arrivée de la Vraie Croix en Ethiopie. On est aujourd’hui en 2002.L’année comprend 12 mois de 30 jours et un 13e mois de 6 jours. Voilà pourquoi les dépliants des voyagistes parlent de 13 mois de soleil en Ethiopie.

Le 1er de l’an, a lieu le 11 septembre de chaque année. En Ethiopie l’heure est déterminée par le soleil. La proximité de l’Equateur fait que la journée et la nuit sont d’égale longueur, on parle d’une journée de 12h et d’une nuit de 12h.La journée commence à 1h de la journée au lever du soleil et se termine à 12h de la journée au coucher du soleil, et la nuit commence à 1h du soir pour se terminer à 12h du soir.

L’Ethiopie restera aux yeux de beaucoup d’entre vous, ce pays si lointain, avec une histoire aussi vieille que le temps, drapé de légendes ; légendes embellies par le mystère et la romance. D’un autre côté, c’est tout de même un pays qui est rentré de pleins pieds dans le 21 e siècle, avec ses gratte-ciels, ses autoroutes, ses hôtels ultra modernes et ses nombreuses universités réparties dans le territoire. C’est un pays qui puise sur son passé pour affronter les immenses défis de l’avenir.

Je pense vous en avoir assez dit, pour que vous vous fassiez une image un peu plus juste de ce pays mystérieux et vous saurez le reste au cours de la magnifique exposition qui vous attend.

Merci de m’avoir accordé votre patience aussi longtemps.

DM

Documents joints

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