Reine de Saba infos
N° 23 - Septembre-Octobre 2006
Programme de ce présent journal :
- Nouvelle exposition : ERYTHREE
- Mise au point sur les prises d’otages au Yémen
- Plusieurs dossiers concernant l’Erythrée, la mer Rouge, Rimbaud, etc…
Bonjour l’automne
Après la relâche d’été ensoleilée et arrosée, nous voici à la rentrée, cartable tout frais et crayons bien taillés.
Après avoir été assommé par les commémorations et les annonces de risques prochains, nous digérons depuis le 10 septembre la séquestration malheureuse de notre quatre compatriotes au Yémen. Semble-il, selon de bonnes et sérieuses informations, se sont-ils aventurés dans des régions où il ne fallait pas aller, “Où NOUS, n’allons pas... Souhaitons leur Liberté prochaine et heureuse, avec sans doute de belles choses à raconter, à montrer, avec peut-être un livre (un roman ?) à la clé, un film, et de toutes façons de beaux dégâts pour ce pays.
Encore une fois, dés cette annonce de nouvelle prise d’otages, nous nous sommes manifestés auprès des autorités locales, de nos partenaires et amis. Encore une fois, il faudra dire aux bédouins, et certains amis, que cette méthode est exécrable & inadmissible, même pour des brouilles locales. Mais encore faut-il que la médiatisation planétaire ne fonctionne pas, car les auteurs de ces actes ne recherchent que ça : que leur revendication (parfois légitime...), soit connue, entendue, et pas si stupides que ça, ils poussent le bouchon en kidnappant de “toutous” qui se promènent hors des clous (ou des dunes).
De plus, il faut décrypter ce que disent et montrent les médias : images chocs d’archives à la TV, à faire frémir un fennec, scènes anodines (des touristes visitent le site de Barrakech, récemment réouvert, entourés de soldats, avec un commentaire lié aux preneurs d’otages) tout ça à la sauce 11-septembre, Ben-L,... etc... voici la manière encore une fois de tenir l’iamge d’un pays arabe.
José-Marie Bel
Espace Reine de Saba
Siège du Comité français de soutien aux actions
de l’UNESCO au Yémen et en Éthiopie
SPÉCIAL ERYTHRÉE
½ (prochain journal à la mi-novembre)
Espace Reine de Saba, 30, rue Pradier, 75019 Paris. France
Tous les jours sauf lundi : 14h30 -18h30. Téléphone : 01 43 57 93 92
Courriel : reinedesaba@espacereinedesaba.org Site : www.espacereinedesaba.org
INVITATION : Lire en Fête à la Reine de Saba : 2 soirées exceptionnelles.
> Vendredi 13 octobre de 18h30 à 20h30 : SOIRÉE SPÉCIALEE CORSAIRES. Avec la participation de Jean-Pierre BROWN, conservateur des Bibliothèques de Saint-Malo, auteur de l’ouvrage « Les Corsaires sur la route du café » publié aux éditions Cristel à l’occasion du dernier Festival Etonnants Voyageurs. Ouvrage disponible chez nous : 24,50€ + port (5,30€). Mr Brown nous fera revivre les épopées croustillantes des expéditions malouines au temps de Louis XIV.
> Samedi 14 octobre de 18h30 à 2Oh30 : SOIRÉE HOMMAGE A LA PAIX.
Par les temps qui courent, c’est à dire, par tous temps, il est toujours important de parler de paix. Nous choisirons « pour la 1ère fois » de rendre à l’inventeur du signe de la Paix, Charles PIDOUX n’est plus de ce monde depuis 2 ans, mais José-Marie Bel l’avait rencontré. Il présentera des extraits d’un entretien filmé, racontera cette singulière histoire, liée aussi à Théodore MONOD.
NOUVELLE EXPOSITION à la Reine de SABA :
Erythrée & ses îles en mer Rouge…
Afrique orientale inconnue. Vernissage le Samedi 9 septembre.
Exposition ouverte au public jusqu’au 16 novembre 2006.
> Tous les jours, sauf le lundi, de 14h30 à 18h30.
Nombreuses photographies très récentes, documents anciens, cartes, atlas, objets ethniques, plus de 300 documents et objets.
Découvrir l’ERYTHRÉE : de magnifiques voyages (pour l’instant exclusifs) sont organisés par l’agence Explorator et accompagnés par J-M Bel. Voyage à l’automne et en début 2007. Renseignez-vous.
Le vernissage de l’exposition ERYTHREE s’est bien déroulé le samedi 9 septembre dernier, et nous étions heureux d’accueillir Monsieur Ahmed Dehli, Ambassadeur d’Erythrée en France qui était bien entouré avec son équipe et personnel. Autour d’une cinéaste (étudiante dans une école de cinéma), sa fille, un discours en français, simple et sincère a été prononcée. Malgré l’envoi de près de 400 invitations, nous avons regretté le peu de personnes déplaçées (20 personnes).
Quant à l’exposition ERYTHRÉE, première fois en France, tous les commentaires sont unanimes : elle est très belle, très riche et elle offre avec objets, livres, cartes un remarquable panorama de ce pays quasi inconnu. Alors… Bienvenue.
Abonnement-Soutien : Remerciements : Bernadette Legouy (79 ans le 17 novembre prochain) : pour que vive l’Espace Reine de Saba » avec sa joie de vivre , Monique Juliot de la Guadeloupe, Catherine Castagnet à Briançon, et d’autres amies (s) ; Merci pour le renouvellement de vos abonnements et soutien. Nous en avons réellement besoin.
Somaliland – Pountland. Qui connaît ces pays aujourd’hui ?
Non, il ne font pas partie de la rêverie « consumériste, genre Disneyland, Surcoufland and co… mais bien de deux pays authentiques aux frontières parfaitement définies et qui ne cessent de crier au monde qu’ils existent bien, et en paix.
Somaliland : ex- Somalie anglaise, du temps de Rimbaud et des Colonies, avec pour villes connues, Zeïla, Berbera et Hargesha (actuelle petite et paisible capitale).
Pountland : le pays de Pount, qui n’est aussi pas n’importe quoi comme pays avec une histoire (comme l’Erythrée et les contrées de cette région) qui remonte à des milliers d’années. Le Pount Land était déjà très connu au temps des Pyramides pour ses denrées précieuses, son encens, sa myhrre et ses esclaves. On se souvient de la reine barbue (postiche) Hatchepsout qui lançait ses expéditions vers 1500 ans avant J.-C. au pays de Pount. En attestent divers bas-reliefs à Louxor qui présentent notamment le chargement de grands navires de denrées et d’arbres à encens, Boswellia papirifera, avec leurs racines. Le cap des Aromates nommé cap Gardafui qui marque la pointe extrême de la Somalie, en faice des îles de Socotra, n’est pas moins célèbre des explorateurs comme Georges Revoil (XIXe s) et des marins.
On nous a écrit de Toulon. Un certain monsieur Christian LN, ancien guide de chasse professionnel en Afrique centrale, nous a contacté pour nous proposer des cornes de Rhinocéros, à 1500 € le kilo. Nous avons bien sûr décliné l’offre, et nous déplorons de trafic qui est d’ailleurs interdit depuis des années. Ce monsieur, s’est vanté avoir écrit à divers organismes, et ambassades… il s’est souvenu que les Yéménites aisés étaient friands de poignard, jambiya, dont le manche était en corne de rhinocéros. Nous avions déjà été contacté par un vendeur de ce genre de « trophée », il y a quelques années.
Pour mémoire, voici le message que nous avons mis sur le net vers le 15 septembre 2006 :
MESSAGE EXCEPTIONNEL :
Voyages et prises d’otages au YEMEN
Une prise d’otages de touristes a été largement signalée par les médias à partir du dimanche 10 septembre 2006. Nous sommes très attachés à ces informations, et avons en permanence des informations sérieuses. A la date du 11/09/06 (aucun lien avec cette date… tristement célèbre), nous pouvons confirmer que sur place au Yémen, tout est fait pour une issue rapide et saine. Le système des kidnappings au Yémen n’est pas tolérable : il n’a rien à voir avec les événements planétaires actuels mais correspond à des revendications tribales locales, liées à des zizanies entre tribus, ou avec l’état. C’est encore le cas aujourd’hui. Les tribus, connaissant bien l’impact de tels événements, en profitent largement - les médias occidentaux avides d’informations « croustillantes » arrivent aussitôt et CONTRIBUENT à de tels actes…- faisant ainsi la « publicité » des ravisseurs…
Hélas. D’être retenu par des tribus est forcément traumatisant (surtout pour les familles des « otages », ou pour certaines personnes retenues (qui sont généralement âgées).
Ces informations et ce genre d’événement et très regrettable, et terne pour des années l’image de ce pays (voir les images qui passent à la TV ! « hommes en armes aux « gueules patibulaires… », pays très pauvre –ce qui est faux-, femmes voilées… : images stéréotypées d’un pays, etc…).
Généralement, sauf en 1998 (rien voir avec ce système de revendication), tout se passe bien : ballades, promenades, visites de sites archéologiques inconnus, cadeaux sont proposés aux gens retenus.
Nous souhaitons une solution rapide et heureuse à ces amis, dont l’accompagnateur, Nagib que nous connaissons très bien, qui travaille avec une agence locale connue et sérieuse.
Toutefois : vous pouvez aller au Yémen, c’est une merveilleux pays au peuple très sympathique et très attachant. Ne partez pas avec n’importe qui, avec n’importe quel Tour Opérator, et n’importe où sur place !
Sachez que, en ce qui nous concerne, accompagnant des voyages depuis 1980 au Yémen (donc 26 ans d’expérience dans ce domaine), nous n’avons JAMAIS eu le moindre problème de ce genre. Garant d’expérience et de qualité…
Pour toute information : vous pouvez nous contacter, soit par internet, téléphone, courrier ou sur place.
Bien cordialement.
La direction de La Maison du Yémen, Paris
Reine de Saba infos Extrait du Numéro 23.17e année. Septembre-octobre 2006
Voyages d’exception... voyages extraordinaires :
YEMEN & SOCOTRA avec l’agence Ashtal et la Maison du Yémen. 17 novembre au 4 décembre 06.
18 jours à Sanaa et le désert, Hadramawt, avec 8 jours complets à l’île de Socotra. Reste :3 places, ne tardez plus.
YEMEN & SOCOTRA avec l’agence Explorator du 16 au 30 octobre 2006 : 15 jours à Sanaa et le désert, Hadramawt, avec un séjour de 8 jours à l’île de Socotra.
ÉRYTHREE en exclusivité avec Explorator :13 jours du 10 au 23 FEVRIER 2007, puis en Mars et septembre 2007, incluant train mythique et croisière aux mythiques îles Dahlak, mer Rouge, etc…
Voyages en ETHIOPIE avec l’agence Amba-Tours : printemps 07
Voyage unique et exclusif « Aux pays de Rimbaud » avec Les Amis de Rimbaud. Imaginé depuis des années, le voici enfin en préparation, début 2007 : Yémen (de Sanaa à Aden) ; Djibouti (séjour très complet), Ethiopie (Harrar, Awash, Addis et la région). 18 jours, en préparation, printemps 2007. renseignez-vous.
NOTA : Pour ces voyages : Dossier contre 3 timbres-poste, sur place ou par internet. Places très limitées.
VISITEZ notre site sur internet, réactualisé : présentation des pays, voyages, infos, hommages, contacts, etc... et le chapitre “spécial livres et objets ethniques, Promotions et idées de cadeaux : CD, encens, myrrhe, épices, étoffes, etc...
Espace Reine de Saba, 30, rue Pradier, 75019 Paris. M° Pyrénées, Buttes-Chaumont Tous les jours, même fériés (sf lundi) : 14h30 -18h30 et sur R-V (groupe). Téléphone : 01 43 57 93 92
Site : espacereinedesaba.org - Courriel : reinedesaba@espacereinedesaba.org
L’Espace Reine de Saba/la Maison du Yémen est le siège du Comité français officiel de soutien aux actions de l’UNESCO au Yémen et en Éthiopie concernant les campagnes de sauvegarde des villes historiques du patrimoine mondial. Ce comité bénévole crée le 30 juin 1991 est présidé par Théodore Monod), Luc Baldit (†), José-Marie Bel.
Objectifs :
La création et le soutien d’actions pour la préservation du patrimoine du Yémen et en Éthiopie et en Erythrée
La réalisation d’événements culturels et artistiques, de recherches et publications
L’organisation de voyages culturels, spécialisés et missions dans la région
L’application d’une Charte de bonne conduite dans les voyages et séjours (OMT, Madrid)
L’encouragement d’échange fraternel entre la France, l’Europe, le Yémen et l’Ethiopie et l’Erythrée
· Nous récoltons en permanence (depuis 1990) : livres usagés, médicaments, jouets et graines
· potagères, que nous transportons et distribuons gratuitement au Yémen, Socotra et en Éthiopie
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Information, invitation aux vernissages, Abonnement et Soutien au Comité -
Nom :................................ Prénom :......................................... Adresse : ....................................................................
Ville : .................................... Code postal : ....................... Pays :........................ Courriel : ......................................
Date : ................................... Signature :
Formule simple : journal +infos+ invitations : France, UE, DOM : 25 euros/an : ............
Abonnement actif : Le Journal + infos+invitations + n° spéciaux : Fr., UE, DOM : 38 euros/an : .................
Autres pays : port + 6 euros/an : .................
Soutien au Comité : ................................... Les abonnements commencent à votre date d’inscription
Commandes de nombreux ouvrages ou objets (voir liste ou sur notre site internet) : ............................
A retourner accompagné d’un chèque, mandat ou virement (compte MdY Crédit Agricole 453 53547001 Paris) au nom de MdY, à l’adresse : Espace Reine de Saba, 30, rue Pradier 75019 Paris
Participez à nos activités, abonnez vous et passez commande, vous nous permettrez d’être plus actifs dans nos actions.
« [Là tu verras] l’Érythrée rouler ses flots sacrés sur un sable rougi, et s’étendre non loin de l’Océan, ce lac aux reflets d’airain, ce lac, source de richesses pour l’Éthiopien, où le soleil, qui voit toute chose, vient plonger sans cesse son corps immortel et par les chaudes ablutions d’une eau doucement pénétrante retremper l’ardeur de ses coursiers fatigués. »
Strabon citant : Prométhée déchaîné d’Eschyle .Cf Ahrens : Aeschyli fragmenta.
L’ERYTHREE
Histoire sommaire
3000 avant J.-C. : L’Érythrée pratique le commerce sur la mer Rouge, le commerce des épices, des aromates et de l’ivoire.
IVème siècle : L’Érythrée fait partie du royaume éthiopien d’Aksoum qui l’arabise.
VIIème siècle : Islamisation de la côte. Elle prospère sous forme d’État semi-indépendant, sous la souveraineté toute théorique de l’Éthiopie, jusqu’à son annexion au XVIème siècle par l’Empire ottoman en pleine expansion.
1885 : L’Érythrée devint colonie italienne.
1939 : Seconde Guerre mondiale : Les forces britanniques s’emparent du territoire en 1941.
1952 : Les Nations Unies décident de fédérer l’Érythrée et l’Éthiopie afin de contenter à la fois les revendications annexionnistes de l’Éthiopie et la volonté indépendantiste des Érythréens.
1958 : Fondation du Mouvement de libération de l’Érythrée (MLE) par des exilés érythréens au Caire.
1962 : L’Erythrée devient province éthiopienne. Le MLE est remplacé par le Front de libération érythréen (FLE).
Fin des années 1970 : Émergence du Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE), qui se révèle un adversaire efficace du gouvernement éthiopien.
1990 : Le FPLE s’empare de Massawa et, l’année suivante, prend le contrôle d’Asmara.
28 mai 1993 : L’Organisation des Nations unies accueille officiellement l’Érythrée parmi ses membres et reconnaît au FPLE la légitimité de diriger le pays.
Décembre 1995 : Le nouveau régime entreprend d’occuper l’île du Grand Hanish, à l’entrée de la mer Rouge, île dont la souveraineté est contestée par le Yémen.
Octobre 1996 : L’Érythrée et le Yémen qui ont fait appel à la médiation de la France décide de soumettre leur litige à un arbitrage international (la Grande Hanish sera restituée au Yémen en novembre 1998).
1997 : Avec l’aide internationale, l’Érythrée poursuit la reconstruction économique du pays qui dépend toujours pour 40 % de l’aide extérieure. L’opposition islamiste de l’Union nationale érythréenne, une scission du FLE, animée par Abdallah Idriss semble s’orienter vers des actions armées, avec l’appui de certains dirigeants soudanais. Dans ce contexte, la mise en ouvre d’une nouvelle Constitution et l’élection d’un Parlement sont repoussés par le président Afeworki.
Mai-juin 1998 : Après l’établissement du nakfa, la nouvelle monnaie nationale, qui paralyse le commerce entre les deux pays, un conflit armé oppose l’Érythrée à l’Éthiopie à propos de zones du territoire éthiopien revendiquées par l’Érythrée sur la base de frontières définies lors de l’occupation italienne. Une médiation des États-Unis et du Rwanda échoue.
Mars 1999 : Les combats, qui mettent aux prises les deux armées équipées d’un important matériel, ont permis à l’Éthiopie de reprendre la plaine de Badmé. Les hostilités, qui n’ont pas cessé pour autant, font craindre une tentative de l’Éthiopie, qui n’est plus approvisionnée que par le chemin de fer de Djibouti, pour récupérer le port d’Assab, son seul accès à la mer. Le pays particulièrement meurtri par ces attaques tente toutefois de s’accorder avec l’Éthiopie sur un projet de paix de l’Organisation de l’unité africaine (OUA).
- 16 Juin 2000 : Les combats entre l’Erythrée et l’Ethiopie ont totalement cessé quand le secrétaire général de l’OUA, Salim Ahmed Salim, quitte Addis Abeba pour Alger, où il doit assister à la signature de l’accord de cessation des hostilités. L’accord prévoit le déploiement d’une mission de paix des Nations Unies, sous l’égide de l’OUA sur une "zone de sécurité", située à 25 km à l’intérieur du territoire érythréen. Après Alger, une nouvelle phase de négociations s’ouvre pour régler le principal contentieux entre les deux Etats : la délimitation de leur frontière commune. La paix revenue, la situation des personnes déplacées pendant le conflit reste dramatique, surtout dans l’ouest de l’Erythrée
ERYTHREE
Présentation générale
Nom officiel : Etat d’Erythrée
Origine de l’histoire de cette région et de son peuplement : plusieurs milliers d’années, en grande activité depuis 5000 ans
Forme gouvernementale : République constitutionnelle
Superficie : 124.320 km²
1151 kms de côtes en mer Rouge. Frontières avec Djibouti : 109 km, Ethiopie : 912 km, Soudan : 605 km.
Situation : 15° nord, 39 ° est
Point culminant : Amba Soira : 3013 m.
Point le plus bas : Kobar sink, (Afar) : - 75 m
Drapeau : Vert, rouge et bleu, avec un laurier d’olivier en or
Emblème : un chameau (dromadaire) jouant d’un instrument de musique
Monnaie : Nakfa (ERN, du nom du ville révolutionnaire, environ 10 N pour 1 $) Fête nationale : 24 mai (jour de son indépendance en 1993)
Autres fêtes : Epithanie (Maskal, chrétienne) : 19 janvier ; Eïd (Sacrifice, musulmane) Population : 4,47 millions (Banque Mondiale, 2004). 4,561 599 (2005)
Naissance : 38,62 /°°°, Décés : 13,53 /°°°
Densité : 16 à 28,8 Hab/km2
Répartition de la population : 20 % vivant dans les Hauts-Plateaux ; 30 % : zone d’élevage (1000 à 2000 m d’altitude) Capitale : Asmara : 400 000 habitants en 1995 ; 514 000 en 2005 Villes principales : Asmara, Keren Massawa, Assab Langue officielle : il n’y en a pas, juridiquement parlant, mais l’arabe, le tigrinyia et l’anglais sont couramment parlés
Autres langues régionales : Afar, Bilen, Hedareb, Kunama, Nara, Saho, Tigré
Données démographiques
Croissance démographique : 1,28% Espérance de vie : 53 ans (UNSTATS, 2005) Taux d’alphabétisation des 15 ans et plus : 56 % (UNSTATS, 2005). H : 69,9 % ; F : 47,6 % Religions : musulmane (50%), chrétienne orthodoxe (50%)
Religions minoritaires : catholiques romains, protestants, juifs, animistes (Kunama) Indice de développement humain : 161ème sur 177 (PNUD 2005)
Communication
Transport : 6990 km de routes dont 874 sont recouverts
Chemin de fer entre Massaoua et Asmara, détruit par les conflits, réhabilité et rouvert en février 2006 : 117 kms. Un des plus beaux chemins de fer du monde (locomotives du début XXe s, et autorail italien des années 1930). Service martime entre Massawa et Assab
Tous moyens de communication moderne : tv, radio, téléphones (dont portables), internet, presse, etc…
Données économiques
PIB nominal : 4,79 milliards de $ (Banque Mondiale 2004) PIB par habitant : 1050 $ PPA (BM 2004)
PNB/Hab : 75 à 150 $ en 1995 : environ 200 $ en 2005 Taux de croissance : 1% (EIU 2005) Taux d’inflation : 29 % en 1995 ; 18,2% (EIU, 2005) Balance commerciale : -236 M $ (EIU, 2005) Principaux clients en 2004 : Soudan (83%), Italie (4,9%), Djibouti (2,1%), Allemagne (1,1%) Principaux fournisseurs en 2004 : Emirats Arabes Unis (17,3%), Arabie Saoudite (14,7%), Italie (14,2%), Allemagne (4%) Belgique (3,8%). (EIU, 2005) Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB (EIU, 2005) : agriculture : 16 % ; industrie : 27 % ; services : 57 %
Exportations de la France vers l’Erythrée : 3,34 M€ en 2004 (DGDDI) Importations françaises d’Erythrée : 0,36 M€ en 2004 (DGDDI) Communauté française en Erythrée : 35 personnes immatriculées en 2004 (DFAE)
Economie
Agriculture : Terre arable 4,95 %. Céréales, huiles, légumes, coton, fleurs, café, vigne, vin, sisal, bois, poisson
Autres éléments : Agriculture : 9 % du PIB en 1998. Le pays n’a que 12 % de terres cultivables et pratique surtout une agriculture de subsistance soumise à des sécheresses périodiques Productions agricoles (1998) : 70 000 t. de racines et tubercules ; 40 000 t. : pommes de terre ; 62 000 t. : sorgho ; 22 000 t. : millet (tef) ; 22 000 t. d’orge ; 12 000 t. : blé ; 12 000 t. :maïs ; 28 000 t. : légumes secs ; 30 000 t. : légumes frais ; 6 000 t. : sésame. Cheptel : 1,5 million d’ovins, 1,4 million de caprins, 1,3 million de bovins, 70 000 camélidés, volailles. Pêche (1996) : 3 800 t. de poissons et crustacés
Industrie : agroalimentaires, boissons, brasserie, briqueterie, conserverie de poisson, textiles, tissus, cuir, transformation du bois, papier, ciment, artisanat et transformation
Ressources minérales 30 % du PIB en 1998. : sel (300 000 t), or et argent, potassium, zinc, cuivre, fer, granite, marbre
L’Erythrée mise sur l’exploitation de son sol en 2007 : hydrocarbures en mer Rouge (raffinerie de pétrole à Assab) et gaz
Importations (1997) : 490 millions de $ (produits fabriqués, machines, produits pétroliers). Exportations (1997) : 53 millions de $ (principalement bétail, sorgho, textiles). Tourisme : 414 000 visiteurs auraient apporté 75 millions de $ de devises en 1998*
* cette information nous étonne beaucoup, car nous constatons la très faible fréquentation touristique dans ce pays. On peut supposer que ces données concernent les voyages des personnes, - Erythréennes, pour la plupart – rentrant dans le pays et envoyant des fonds. Le tourisme, essentiellement italien, se borne à fréquenter les îles de la mer Rouge.
L’Erythrée est réparti en 10 provinces et capitales (villes principales) mais administré en 6 régions :
Asmara, Hamasien Asmara 420 000 hab (2005) Altitude : 2347 m
Denkalia Assab 28 000 5 m
Semhar Massawa 29 100 5 m
Senhit Keren 60 000 1392 m
Gash Setit Barentu 8 000 980
Barka Agordat 15 000 615
Seraye Mendefera, 25 000 1980
Akele Guzai Adi-Keyh 15 000 vers 1000
Tessenay 30 000 nc
Sahel Nakfa vers 1000
Plusieurs groupes ethniques vivant parfaitement
en harmonie et correspondant aux différentes régions :
Tigrinya : 50 %
Tigre (ou Tigray) : 35 %
Kunama : 5 %
Afar : 4 %
Saho (mer Rouge, côte) : 3 %
Autre : 3 %
LA MER ROUGE DE L’ANTIQUITÉ AUX CROISADES
Il faut remonter à la période égyptienne pré-dynastique, c’est à dire antérieure à 3500 ans avant J.-C., pour aborder les premières explorations maritimes de la mer Rouge, et encore les indices sont rares1.
Les Crétois, de leur côté, avaient établi des relations maritimes avec l’Egypte dès le quatrième millénaire2 Il semble qu’ils aient navigué en mer Rouge, peut-être même jusqu’à Socotra et établi le Royaume minéen ; du nom de Minos, roi de Crête jusqu’aux frontières de l’Hadramawt et du Yémen3 Sont-ils ensuite revenus vers l’Egypte par la vallée du Nil pour fonder les dynasties égyptiennes ? Il est difficile de résoudre ces problèmes dans l’état des connaissances actuelles. Cependant, les fouilles de Sir Arthur Evans à Cnosse (ou Knossos) et celles d’autres savants en divers sites de l’Egée ont mis à découvert une civilisation pré-hellénique ou crétoise qui commença d’apparaître vers 3000 ans avant Jésus-Christ. En outre, l’abondance des poteries crétoises dans les hypogées d’Egypte de la XIIIe et de la XVIIIe dynasties semble indiquer que, vers l’an 2000 avant J.C., les Crétois avaient des relations directes avec la vallée du Nil4.
Vers 3000 avant J.-C., il est probable que les civilisations égyptienne et summérienne prirent contact par mer par des voyages effectués autour de la péninsule arabique. Mais ces premiers contacts furent bientôt interdits par un peuple de souche himyaritique qui se fixa autour du littoral de l’Hadramawt et qui établit un extraordinaire cordon de secret commercial contre tous les trafiquants étrangers. Certains érudits pensent même que l’origine du mot "mer Rouge" appliqué par certains Grecs à l’ ensemble des eaux orientales est en réalité "Himyar" ou "Rouge", le héros éponyme de ces arabes.
Les premiers voyages des Egyptiens de Kosseir5 et ceux des Summériens de Bassorah ne furent pas, d’une manière générale, poussés très loin. En ce qui concerne les premiers, ils visitèrent, sous le règne de Sahuré (5e dynastie, vers 2965-2825 avant J.C.) le pays de Pount, soit la côte des Somalis entre Bab el-Mandeb et Gardafui6 Il est probable qu’ils atteignirent Socotra. Après la chute de la XIIe dynastie (2212-2000 avant J.C.), les voyages maritimes égyptiens disparurent à peu près complètement et il fallut attendre la glorieuse XVIIIe dynastie (1580-1322 avant J.C.) pour que la grande expédition de la Reine Hatshepsout atteigne à nouveau au delà de Bab el-Mandeb, la côte des Somalis, Socotra7 et même les îles Korian-Morian sur la côte de l’Hadramawt.
Les bas-reliefs du temple de Deir-el-Bahri à Louqsor retracent la grande expédition de la Reine Hatshepsout et prouvent qu’avant la XVIIIe dynastie, la route maritime vers les pays au-delà de la mer Rouge était tombée dans l’oubli. Les pierres précieuses qu’on en rapportait, l’encens et la myrrhe devaient être payés très cher aux commerçants himyarites qui en détenaient le monopole8. C’est le grand mérite de la Reine Hatshepsout d’avoir rétabli ce courant commercial entre l’Egypte et les Indes et nous verrons que la lutte contre les monopoles commerciaux des épices, du café et, ensuite, la trafic avec les Indes ont inspiré la plupart des grandes explorations et des grandes découvertes. Sur les bas-reliefs de Deir-el Bahri, le dieu Amon s’exprime ainsi :
"nul ne foula ces terrasses d’encens que le peuple ignorait ; ce sont les ancêtres qui en ont transmis la tradition. Les merveilles qui, sous tes pères, les Rois de la Basse Egypte, en ont été rapportées, étaient confiées à un messager, puis à un autre et cela, depuis les temps très lointains des ancêtres des Rois de la Haute Egypte, en retour de nombreuses offrandes. Et nul ne les reçut jamais que par des messagers".
Mais l’élan était donné, la voie était ouverte et chaque année, les navires égyptiens de la XVIIIe dynastie se rendaient au pays de Pount. Cette vocation maritime de l’Egypte se poursuivit sous les XIXe et XXe dynasties (1346 avant J.C. et plus tard), qui marquèrent les limites extrêmes de l’exploration égyptienne.
De leur côté, les Summériens quittant le port d’Eridou, près de Bassorah, conduisaient leurs navires jusque sur la côte d’Oman et de l’Hadramawt et, probablement même, jusqu’à Socotra. Mais les himyarites, ces ancêtres des arabes, gardaient vigoureusement leurs côtes. Ils connaissaient déjà le régime des moussons et avaient accaparé le commerce maritime entre les Indes et la côte orientale d’Afrique dans la région de Sofala. Leurs voyages très longs suivaient à peu près le périple suivant : mer Rouge - l’Oman - côtes du Malabar - Sofala et mer Rouge. Un voyage complet durait près de trois ans pour tenir compte du renversement des moussons.
A partir du Xe siècle avant J.-C., les mystérieux Phéniciens, ces intrépides navigateurs de l’antiquité, firent leur apparition en mer Rouge. Leurs expéditions, sous l’égide du Roi Salomon ou des Pharaons d’Egypte s’enfoncèrent dans l’inconnu et atteignirent rapidement le golfe Persique et la côte orientale d’Afrique. Le Livre des Rois confirme que Salomon fit construire une flotte près d’Eilath, dans le golfe d’Akaba, et qu’après avoir armé cette flotte avec des marins et des pilotes phéniciens, il l’envoya à Ophir, d’où elle lui rapporta, en un seul voyage, quatre cent cinquante talents d’or9.
On peut admettre que les Phéniciens ont poussé jusqu’au golfe Persique10.
Exploration par mer sous les Ptolémées
A cette époque, les Indiens qui connaissaient également le régime des moussons ont certainement atteint le littoral oriental de l’Afrique à partir de la côte Nord-ouest de l’Inde en voyageant vent arrière11.
L’Egypte avait été ouverte aux peuples méditerranéens par les Rois Psammetic (664-610 avant J.C.) et Néchao (610-594 avant J.C.). Les Grecs et les Phéniciens s’installèrent dans la vallée du Nil et mirent leur science nautique au service des pharaons12 Cependant, seuls les Phéniciens furent autorisés à naviguer en mer Rouge. C’est sous le règne de Néchao que se place le fameux périple de circumnavigation autour de l’Afrique qui fit couler tant d’encre et qui soulève encore tant de passions. De nombreux savants, historiens et navigateurs se penchent toujours sur le texte d’Hérodote qui pose l’une des énigmes les plus célèbres de l’histoire.
Il relate le voyage effectué par un capitaine phénicien vers 600-595 avant J.C. sur les instructions du Pharaon Néchao. Si on en croit Hérodote, ce hardi navigateur, parti de Suez boucla complètement le périple d’Est en Ouest et retourna en Egypte par Gibraltar après avoir fait le tour complet de l’Afrique. Voici ce que dit Hérodote :
La Libye, c’est-à-dire l’Afrique, est entourée par la mer sauf dans sa partie qui borde l’Asie, Néchao, roi d’Egypte, étant le premier à nous montrer ce fait. En effet, quand il eut terminé le creusement du canal qui s’étend du Nil au golfe d’Arabie, il envoya sur des navires des hommes de Phénicie avec la mission de retourner jusqu’aux colonnes d’Hercule et à la mer Septentrionale (Méditerranée) et de revenir ainsi en Egypte. Donc, les Phéniciens, partant de la mer Rouge, parcoururent la mer Méridionale (mer d’Arabie et l’océan Indien) et, chaque fois que l’automne venait, ils tiraient leurs bateaux sur le rivage et ensemençaient le pays, quel que fût l’endroit de Libye où ils se trouvassent et ils attendaient la moisson. Alors, ayant récolté le grain, ils appareillaient de nouveau. Ayant ainsi fait pendant deux ans, ils doublèrent les Colonnes d’Hercule dans la troisième année et parvinrent en Egypte. Et ils racontèrent des choses croyables peut-être pour d’autres mais incroyables pour moi, entre autres, qu’en tournant autour de la Libye, ils avaient le soleil à leur droite. Ainsi fut découverte, pour la première fois, la Libye" 13.
La controverse qui s’est établie dès l’antiquité sur le récit d’Hérodote dure encore. Polybe, historien et explorateur de l’Afrique, et Posidonius, philosophe, physicien, restaient sceptiques. Dans les temps modernes, Bougainville était hésitant ; Rannel, Wheeler et surtout Müller furent parmi les savants les partisans plus vigoureux de la réalité du périple. E.J. Webb était le chef de file des sceptiques.
L’hypothèse de Wheeler nous semble la plus vraisemblable. Le départ aurait pu avoir lieu en mai. Poussés par le vent du nord qui balaie la mer Rouge jusqu’en septembre, les navires phéniciens auraient reconnu Guardafui en octobre à l’époque de la renverse des moussons. Entraînés par le vent du Nord-Est et le rapide courant de Mozambique, ils auraient doublé le Cap de Bonne Espérance en avril de l’année suivante pour se trouver au nord de l’Equateur en juillet au plus tard. Compte tenu des nombreux arrêts, ils auraient atteint le Sénégal en mars de la seconde année et l’Egypte dans le courant de la troisième année. La place nous manque pour entrer dans le détail de cette navigation et pour en tracer l’itinéraire sur la carte, mais l’hypothèse est à retenir. Cependant, rien ne sera tranché tant qu’une preuve matérielle, inscription ou trace formelle de leur passage ne sera mise à jour. Il y a malheureusement peu de chance, car les Phéniciens entouraient leurs voyages d’un secret extraordinaire et conservaient, même à leur retour en Egypte, un mutisme implacable sur le déroulement de leurs expéditions et l’étendue de leurs découvertes14.
Les Grecs ne pénétrèrent dans la mer Rouge que sous le règne de Darius, roi des Perses (521-486 avant J.C.). Alors que, dès le Xe siècle avant J.C., les Hébreux et les Phéniciens voguaient vers les pays fabuleux de l’Ophir, les Grecs d’Homère étaient cantonnés dans la Méditerranée orientale. Les Arabes, de Suez à à l’Euphrate, barraient la route aux peuples du nord. En outre, l’Egypte restait, jusqu’au milieu du VIIe siècle avant J.C., un pays fermé et les colonies grecques, autorisées à séjourner sur le bras occidental du Nil, ne s’aventuraient pas jusqu’aux rivages de la mer Rouge.
Il fallut attendre la conquête de l’Egypte par Cambyse, fils de Cyrus le Grand, en 525 avant J.C. pour que les Grecs fussent autorisés à naviguer en mer Rouge et dans l’océan Indien. Après le voyage de Scylax de l’Indus à Suez, les Perses laissèrent les Grecs s’installer à Kosséir et leurs vaisseaux s’aventurer jusqu’au Yémen15 Les Grecs ne savaient encore rien de l’Afrique orientale et du golfe Persique et leurs croisières dépassaient rarement Bab el-Mandeb, dont la mauvaise réputation suffisait à freiner l’esprit d’aventure de leurs capitaines.
Mais la grande dynastie des Ptolémée allait bientôt donner à la navigation grecque une puissante impulsion. Ptolémée ler Soter (fils de Lagus), général d’Alexandre le Grand, était monté sur le trône d’Egypte en 323 avant J.C. à la mort de son souverain. Il avait accompagné Alexandre aux Indes et reconnu l’importance du commerce indien avec l’Egypte. Dès qu’il fut sur le trône, il fit construire de grands navires et les envoya explorer la mer Rouge sous les ordres de l’amiral Philon pour forcer la barrière arabe qui s’opposait farouchement à la percée des Grecs16 En outre, il avait reconnu aux Indes la puissance au combat des éléphants de guerre et désirait s’en procurer, dans le sud de la mer Rouge pour armer ses légions.
Ptolémée II Philadelphe qui régna de 285 à 246 avant J.C. accentua encore les explorations de la mer Rouge. Ses navires franchirent Bab el-Mandeb et trafiquèrent avec les naturels de la côte des Somalis. Il ouvrit sur la mer Rouge de nouveaux ports reliés au Nil par d’excellentes routes et fonda des stations de chasse à l’éléphant jusqu’à Bab el-Mandeb. Il envoya Aristote et Pythagore explorer les côtes du Hedjaz et d’autres représentants de son autorité poussèrent même jusqu’à Gardafui, laissant sur les différents points de la côte Ouest de la mer Rouge et de la côte des Somalis des piliers et des autels pour marquer les points extrêmes de leur avance17.
Son successeur Ptolémée III Evergète I (246-222 avant J.-C.) organisa la chasse sur un pied militaire et établit sur la côte des Somalis des positions solides qui lui permirent de créer de nouvelles relations commerciales18.
Après lui, la belle période des Ptolémée prit fin et les successeurs d’Evergète I ne conservèrent pas le même esprit d’aventure et de commerce qui poussa les navigateurs grecs jusque dans l’océan Indien. La mer Rouge et le golfe d’Aden avaient été explorés jusqu’à Gardafui et la côte orientale de l’Afrique jusqu’à Rhapta. Mais la barrière arabe de l’Hadramawt et du golfe Persique tenait bon. Les Sabéens du Yémen et les Himyarites, le long de la côte de l’Hadramawt, essayèrent par tous les moyens d’empêcher les Grecs d’atteindre les Indes par la mer. Seul, Eudoxe de Cyzique, sous le règne de Ptolémée IX, Evergète II en 146 avant J.-C., réussit à effectuer deux voyages d’Egypte aux Indes et en revint à chaque fois avec une cargaison d’aromates et de pierres précieuses. Dépouillé par son souverain, il abandonna ses tentatives19.
Pendant le second siècle avant J.-C., malgré la décadence des Ptolémée et les difficultés dans lesquelles se débattait le Royaume d’Egypte, les marchands grecs continuèrent néanmoins à leurs risques et périls de commercer avec la côte occidentale de la mer Rouge. L’empire romain, au fait de sa puissance, recherchait les articles de luxe orientaux et les commerçants égyptiens approvisionnaient de leur mieux la grande capitale occidentale.
Le dernier siècle avant J.-C. vit l’effondrement de la dynastie des Ptolémée et l’Egypte passa sous la domination romaine en 31 avant J.-C.. La dynastie avait cependant laissé une oeuvre admirable.
Grâce aux géographes grecs : Pline, Artémidore, Agatharchide et tant d’autres, la mer Rouge et ses côtes étaient connues et soigneusement décrites. Le "Périple de la mer Erythrée", véritable instruction nautique, permettait aux navigateurs de se rendre d’Egypte jusqu’à Bab el-Mandeb, Socotra et même aux Indes. De nombreux ports d’escale jalonnaient cette route maritime grecque. Ils s’échelonnaient ainsi d’après les dernières estimations :
Somalie
côte orientale d’Afrique
Avalites (Zeila)
Tabas (mas Chenaref)
Malao (Berbera)
Panon Khor Benna)
Kundu (Mait)
Opone (Dante-Ras-Hafun)
Mosylon (Ras Chan)
Pano (Obbia)
Cobe (Botiala)
Serapion (Brava)
Elephant Potamia (Alula)20
îles Pyralaes(Mombassa)
Borae Obnoxia (Oloch)
Rhapta (Dar es Salam ou (Bagamoyo)
côtes ouest de la mer Rouge
côtes est de la mer Rouge
Arsinoe-Cléopatris (Suez)
Aélanna (Eilath-golfe d’Akaba)
Myos-Hormos (Ras Abou-Char)
Leuco Come (El Haura -25°)
Albus Portus (Kosseir)
Egra (Yambo)
Bérénice( Ras-Benas)
Napogus Vicus (Hoddeidah)
Ptolémais Epitheras (île Er-Rih)
Sosipoi Portus (Moka)
(Asqiq(18° 2 N)
Ocelis (Cheik Said )
Adulis (golfe de Zula)
Arabia Eudaemon (Aden)
Arsinoe (Raheita - détroit de Bab el-Mandeb)
Cane (Bali Haf)
Dirae (Ras Syan - République de Djibouti
Syagrus Prom. (Ras Fartak)
Bérénice Epidires (Obok)
Ile Sérapidis (île Masirah)
Lorsque l’Empire Romain eut conquis l’Egypte et la Syrie, son pouvoir s’étendait jusqu’à l’Euphrate et aux limites de l’Arabie. Rome était devenue la capitale du monde civilisé et un courant commercial et maritime important s’établit bientôt entre la péninsule romaine et l’Egypte. L’enrichissement prodigieux des provinces occidentales de l’Empire fut à l’origine de la reprise des expéditions maritimes en mer Rouge. Les denrées précieuses, les produits rares venant des Indes lointaines, étaient de plus en plus demandés en Europe et les marchands grecs d’Egypte reprirent les routes de l’aventure et de l’inconnu pour satisfaire l’immense désir de lucre de l’occident. Alors que les expéditions des Ptolémée avaient conservé un certain caractère scientifique, celles qui s’organisèrent sous le règne d’ Auguste (63 avant J.C. -14 après J.C.) grâce en général, aux capitaux et au prestige romains, n’ont eu qu’une allure strictement commerciale.
Strabon nous dit qu’au temps d’Auguste, il partait certaines années près de 120 navires de Bérénice ou de Myos Hormos pour la côte Nord Est d’Afrique et parfois jusqu’aux Indes21 Des ambassades et des présents furent échangés entre Rome et les Indes et les produits d’Arabie, d’Afrique et des Indes arrivaient largement en Méditerranée : épices, parfums, gommes, perles, ivoires, bois, pierres précieuses.
Ce commerce empruntait la voie maritime, plus indépendante et moins dangereuse que la voie terrestre. Cependant les voyages étaient longs : les vaisseaux grecs suivaient pratiquement la côte de Suez jusqu’aux Indes tout le long de l’Hadramawt. Ils devaient d’abord payer de fortes taxes d’abord aux Sabéens à Moka et , ensuite aux chefs himyarites indépendants de la côte de l’Hadramawt et, enfin, en dernier lieu, aux Perses du détroit d’Oman qui prélevaient également une dîme sur les marchandises. Ces vexations et l’attitude hostile des Sabéens décidèrent l’Empereur Auguste, sur la demande des marchands grecs d’Egypte, à envoyer une expédition pour s’emparer du royaume Sabéen et le soumettre à l’autorité de Rome. Cette idée romaine de la conquête de la mer Rouge au Nord et au Sud et qui ouvrait la route des Indes fut reprise douze siècles plus tard par les croisés et fut à l’origine de l’une des plus extraordinaires expéditions maritimes du Moyen-Age.
D’après Pline et Strabon22, Aelius Gallus, en 24 avant J.C., fut chargé par le Proconsul d’Egypte de mener à bien cette expédition et de soumettre l’Arabie. Il rassembla à Cléopatris (Arsinoé), tout près de Suez, 10 000 soldats romains, 500 Juifs et environ 1 000 Nabatéens de Petra. Ces derniers étaient placés sous les ordres de Syllaeus, Procurateur de la Nabataei23 chargé, en outre, de guider l’expédition. Une flotte gréco-romaine les transporta jusqu’à Leuco Come24 ou l’armée romaine stationna près d’un an, décimée par la mauvaise qualité de la nourriture et l’eau malsaine. Lorsqu’elle fut en état de reprendre la route, Aellius Gallus résolut d’atteindre les Sabéens par voie de terre et se lança sur les pistes désertiques de l’Arabie, transportant de l’eau à dos de chameau. Après 80 jours de marche, les légions romaines traversèrent le désert à l’est de la chaîne du Hedjaz, arrivèrent dans le Nedjran (ou Najrân), dans l’est de l’Asir d’aujourd’hui, région fertile et irriguée où ils trouvèrent des vivres et des approvisionnements. En poussant vers le sud, elles se heurtèrent à d’importantes forces locales et durent livrer maints combats avant d’arriver à Harsiaba (Mareb) à 150 kilomètres dans le nord-est de Sana sur le territoire du roi des Rhammanites, Ilasaros. Ceux-ci, issus, d’après la légende, de Rhadamante, frère de Minos Roi de Crête, et voisins des Minéens, opposèrent une résistance opiniâtre aux légions d’Aelius Gallus. Epuisés par la traversée du désert et par le manque d’eau, les soldats romains durent lever le siège. Leur chef savait qu’il était seulement à quelques jours de marche du Pays des Aromates (côte de l’Hadramawt) et du Yémen, mais la traîtrise de son guide lui fit perdre six mois à parcourir la région. Ses troupes étaient décimées par le manque d’eau, les combats incessants et l’implacable soleil d’Arabie, aussi Aelius Gallus décida de ne pas poursuivre la campagne et retourna dans le Nedjran pour y chercher les approvisionnements qui lui manquaient. Onze jours après, il était à Bir Saba (Les Sept Puits) et cinquante jours plus tard, il atteignait Zakra (ou Egra) sur la mer Rouge. Le trajet de retour lui avait demandé soixante jours alors que l’aller avait duré six mois. Il s’embarqua à Akra sur les bâtiments de la flotte gréco-romaine et débarqua à Myos Hormos25. Les légions romaines rentraient avec de grosses pertes, décimées par la maladie, la fatigue et la faim. Les détails et les observations qu’elles rapportaient d’Arabie étaient maigres. Comme l’indique Pline, elles ramenaient quelques renseignements sur les Sabéens, les Minéens et les Himyarites mais l’expédition qui avait coûté des efforts énormes se soldait par un échec.
Il semble, cependant, que sous le règne d’Auguste, une autre expédition ait été entreprise contre Aden (Arabia Eudaemon) sur l’initiative d’Isidore de Charax qui avait été chargé par l’Empereur d’un voyage de circumnavigation autour de l’Arabie, de la mer Rouge au golfe Persique. Malgré une controverse très vive, la lumière n’a jamais été faite complètement sur ce point d’histoire.
Sous le règne de Tibère (14-37 après J.-C.) la remarquable découverte du marchand grec Hippalus transforma complètement la navigation de la mer Rouge aux Indes et rendit illusoire le blocus himyarite de la côte de l’Hadramawt. Cet excellent navigateur savait que l’Inde formait une péninsule qui s’avançait largement au sud et grâce à de nombreux voyages de cabotage, il avait acquis une très bonne connaissance de la mer d’Oman et de la situation des ports indiens26 Il savait que de mai à octobre, un vent régulier soufflait du sud-ouest, tandis que de novembre à mars, il soufflait du nord-est avec la même régularité. Un jour, Hippalus, après avoir franchi Bab el-Mandeb et fait escale à Aden, suivit la côte de l’Hadramawt jusqu’au Ras Fartak sans s’arrêter et de là, il gouverna droit vers le Gange27. Ses théories se révélèrent exactes car il atteignit l’embouchure de l’Indus. Le retour s’effectua de la même façon avec la mousson du nord-est et il retourna en mer Rouge en longeant la côte arabe sans s’arrêter jusqu’à Aden.
Exploration par mer au temps des Grecs et des Romains
De nombreux autres navigateurs l’imitèrent et la navigation, grâce à cet homme remarquable, prit bientôt une grande ampleur. La barrière himyarite était franchie. Les navires romains empruntèrent bientôt ce nouveau trajet et, partant d’Egypte en juillet, ils quittaient les Indes en décembre pour être de retour à Suez deux ans après. Les Grecs, de leur côté, abordèrent Ceylan (Taprobane) sous le règne de Claude (54-68 après J.-C.) et à partir de Vespasien (79 après J.-C.) la mer Rouge et le nord de l’océan Indien complètement explorés n’avaient plus de secrets pour eux.
Sous le règne d’Hadrien (138 après J.-C.), les navigateurs, partant d’Egypte, atteignaient la Malaisie et la Birmanie et sous Marc-Aurèle (180 après J.-C.) ils remontèrent la mer de Chine. D’après une source chinoise, une ambassade envoyée par Marc Aurèle vint saluer l’empereur Muan-Ti. Des sujets romains furent reçus en Chine sous le règne de Dioclétien (284-305 après J.-C.) et on peut dire que les limites de l’exploration romaine furent atteintes vers la fin du IIIe siècle. Le déclin de Rome, la diminution de la puissance économique des peuples méditerranéens ralentirent peu à peu ces voyages et les sujets romains abandonnèrent au fur et à mesure la route des Indes et de la Chine. Ils furent remplacés par les Nabatéens, les Arabes, les Axoumites d’Ethiopie et les Perses, tandis que les Chinois s’aventuraient dans le golfe Persique. Si une légère reprise de ce grand courant commercial fut amorcée par Justinien (527-565) et Heraclius (610-640) empereurs romains de Byzance, elle n’eut jamais l’ampleur et l’importance acquises à l’époque de la grande puissance de Rome. La barrière arabe se rétablit et la mer Rouge se ferma peu à peu aux peuples méditerranéens. La division de l’Empire Romain sous Théodose Ier et qui donna en 380 les provinces orientales, dont l’Egypte, à Arcadius, premier empereur romain de Byzance, avait amorcé cette tendance et lorsque la vallée du Nil fut conquise par les Arabes en 640, la mer Rouge devint infranchissable à tous les peuples non islamisés.
Cependant, dans le sud de la mer Rouge, la christianisation du Yémen, qui se prolongea, avec des fortunes diverses, jusqu’à l’invasion perse de 575 et une centaine d’années après, jusqu’à la prise de possession complète du pays par les Arabes, avait provoqué une certaine activité maritime qui donna au royaume chrétien d’Axoum l’occasion d’intervenir sur le côte orientale de l’Arabie et d’étendre sa puissance navale sur cette partie de la mer Rouge.
Ce fut Constance II (337-361) fils de Constantin qui envoya au Yémen l’évêque Indien Théophile pour prêcher la religion de la Croix. Celui-ci fut autorisé à construire des églises, notamment à Zafar, capitale du Royaume, à Aden, dans le golfe Persique. Un siècle plus tard, les disciples de Théophile pénétrèrent dans le Nedjran, partie du royaume de Dhu-Nowas pour poursuivre leur apostolat, mais ce souverain converti au judaïsme les persécuta et 20 000 chrétiens furent brûlés sur son ordre. L’un des disciples de Théophile, Abu Thalaban, réussit à s’enfuir et parvint à Byzance où il réclama du secours auprès de l’empereur Anastase Ier. Celui ne pouvant intervenir, faute de moyens, envoya des ambassadeurs à Axoum pour demander au Roi d’Ethiopie de sauver les Chrétiens du Yémen. Convertis au christianisme un siècle auparavant, les Axoumites résolurent d’agir et rassemblèrent à Adulis des forces considérables sous le commandement d’Elesbaas. De Bérénice à Adulis, les meilleurs navires rallièrent la flotte axoumite et, bientôt, l’escadre chrétienne comportait une centaine de vaisseaux dont plusieurs romains. Transportant près de 120 000 hommes, elle traversa Bab el-Mandeb et débarqua très probablement ses troupes à Arabia Eudaemon (Aden) en 525. Placée sous le commandement d’Aryat, puis d’Abraha, l’amée axoumite entra au Yémen où elle investit Zafar la capitale. Poursuivant sa route vers le Nord elle traversa le Nedjran et, conduite par Abraha, atteignit bientôt la Mecque. La tradition arabe indique qu’une furieuse bataille qui dura douze jours s’engagea sous les murs de la capitale islamique. Connue sous le nom de "bataille de l’éléphant", probablement à cause de l’éléphant de combat que montait Abraha, elle se termina par la défaite des troupes axoumites qui durent retourner au Yémen au prix de lourdes pertes28. Jusqu’en 575, le Yémen et le Nedjran, tenus par les représentants de l’empereur d’Axoum, restèrent chrétiens et il fallut attendre l’invasion perse pour voir décliner la puissance axoumite qui dut abandonner les territoires conquis. Les Perses, venus par mer du golfe Persique, conservèrent le Yémen jusqu’à l’invasion arabe de 675 qui convertit toute l’Arabie du sud à l’islamisme et ferma complètement le détroit de Bab el-Mandeb aux incursions maritimes étrangères.
Le royaume éthiopien d’Axoum chercha à conserver pendant longtemps sa suprématie sur mer dans la partie centrale de la mer Rouge. Au début du VIIIe siècle, en 702, de puissantes flottilles axoumites ravagèrent même la partie nord de cette mer et saccagèrent Djeddah, port de la Mecque. Les califes ripostèrent vigoureusement et débarquèrent sur la côte ouest de la mer Rouge, où ils occupèrent l’actuelle Erythrée en bloquant les ports de l’empereur d’Axoum. Ils s’installèrent solidement dans l’archipel de Dahalak, au large de Massawa, et enlevèrent par des opérations habilement menées tous les ports de la côte ouest, de Souakin à Assab.
Les Axoumites réagirent vers la fin du IXe siècle et reconquirent leurs anciens territoires sur la mer. La puissance maritime et commerciale du Royaume d’Axoum se reconstitua et les relations avec le Yémen reprirent normalement. Massawa et l’archipel Dahalak avaient été occupés à nouveau et la route des caravanes du Harrar aboutissait près de Berbera où tout le littoral était sous le contrôle d’Axoum. Cette situation ne dura qu’un siècle et, à la fin du Xe siècle, une puissante offensive des musulmans, partie des ports du Yémen avec de nombreux navires leur permit de reprendre l’archipel Dahalak, Massawa et Zeilah.
L’Empire d’Axoum dut abandonner sa province maritime, l’Erythrée, et fut enfermé dans ses montagnes durant six siècles jusqu’à ce que l’apparition des Portugais, à partir de 1510, lui ouvre à nouveau, pour peu d’années, les ports de la mer Rouge. A partir du XIe siècle et jusqu’aux croisades, la mer Rouge resta sous la domination totale de l’Islam. Aucun navire étranger ne pouvait y pénétrer. Ceux qui venaient des Indes devaient s’arrêter à Perim29 dans le détroit de Bab el-Mandeb où des pilotes les conduisaient à Moka. Après avoir déchargé leurs cargaisons dans ce port, ils reprenaient le chemin de l’océan Indien. Il fallut attendre deux siècles pour voir à nouveau des navires étrangers naviguer en mer Rouge et ce furent les galères de Renaud de Chatillon, seigneur français de la deuxième croisade qui s’est rendu célèbre pour l’extraordinaire expédition maritime qu’il organisa contre Aden et Djeddah.
Notes :
1 G. Bénédicte, Fondation Eugène Piot, Mon. et Mem. XXLL. 1916. R. Hall, Cambridge Ancient History, tome I. S. Smith, Early History of Assyria.
2 Sir Arthur Evans, The Palace of Minos, volume I.
3 Pline mentionne le royaume minéen et évalue à 3 000 le nombre des familles crétoises qui avaient un monopole de la cueillette, du transport et du commerce de l’encens ainsi que des soins à accorder aux arbustes thuriféraires.
4 M. Cary et E.H. Warmington Les Explorateurs de l’antiquité.
5 Albus Portus ou Loucos Limen- Ruines un peu au nord de Kosceir.
6 Une première expédition égyptienne au pays de Pount remonterait à la IIIe dynastie (cf Oudi Hammamat, 2 volumes).
7 Ancienne Panchéa-Aa-Pankaa du conte du naufragé XIIIe dynastie.
8 Pline.
9 Il existe d’ailleurs une curieuse théorie selon laquelle Madagascar aurait été habitée autrefois par un peuple juif qui portait le nom de "Bnai Abraham" (Fils d’Abraham). Leur territoire principal se trouvait dans l’île Sainte Marie. D’après le grand voyageur français Flacourt, l’un des premiers colonisateurs français de Madagascar, les Bnai Abraham seraient arrivés dans la Grande île sous le règne de Nabuchodonosor II après la destruction en 587 avant J.C. du Royaume de Juda.
10 J. Harrison, Jour. Anthr. Inst. IV- 1874-1875.
11 Schoff, The Periplus-Mookerji, Indian Shipping.
12 Hérodote II.
13 Hérodote IV
14 L’Association Pount présidé par l’I.G.A, (2s) Bourgoin, Directeur du Shom, et dans laquelle figurent des égyptologues de renommée mondiale ainsi que des professeurs et l’Amiral Labrousse, a aidé M. Gil Artagnan à reconstituer un navire de mer pharaonique de l’époque, le Pount. Parti d’Alexandrie en 1988, le Pount a fait le tour de l’Afrique, en deux ans et demi, comme les Phéniciens. Il est actuellement de retour à Alexandrie et a fait la preuve que le périple était possible dans le temps indiqué par Hérodote.
15 Hérodote II et IV - Diodore I.
16 Pline VII, XXXVI.
17 H. Carry et E.W.Warmington Les explorateurs de l’antiquité Strabon XVII- Agatharchide X -Diodore III- Pythagore : Athénae.
18 Agatharchides Diodore III.
19 Posidonius -Strabon II- XVI
20 kilomètres à l’est.
21 Strabon II- XV- XVII.
22 Pline VI -Strabon XVI.
23 C’était la région qui entourait le golfe d’Akaba. Elle descendait jusqu’à une certaine distance au sud le long de la côte orientale de l’Arabie.
24 L’actuel El-Haura, sur la côte est de l’Arabie par 25° de latitude N.
25 Ras Abou Chahr sur la côte ouest de l’Egypte, au nord de Kosseir.
26 M. Cary et H. W. Warmington, Les explorateurs de l’antiquité.
27 Pline VI- Schoff, The Periplus.
28 Prince Youssouf Kamal, Monumenta Geogr. Africae et Aegyptae.
29 Diodori Insola.
Sources de cet article : Institut de Stratégie comparée. Commission Française d’Histoire militaire.
ERYTHRÉE : « 3 saisons en 3 heures » …
Tel est le slogan de « Bienvenue en Erythrée »
C’est plaisant, étonnant et la pure vérité.
En effet, en si peu de temps, on peut passer des rivages côtiers de la mer Rouge aux plaines désertiques Afar, aux régions tropicales luxuriantes, aux hautes montagnes fraîches et arides, et aux hauts plateaux aux vastes paysages infinis.
Tout cela est possible en trois heures de temps, mais il est tellement meilleur d’y consacrer bien plus pour découvrir ses multiples richesses.
Arthur Rimbaud
L’ex poète est aussi passé à Massawa
Dernière tranche de vie du poète lumineux, « l’homme aux semelles de vent » (Verlaine), Rimbaud, ayant renié la poésie à l’âge de 19 ans (après l’écriture de son ultime « Saison en Enfer », 1873, thème prémonitoire), voyage et travaille en tous genres (cirque, engagement dans l’armée néerlandaise, chantiers à Chypre,…) et arrive à Aden en 1880. Il séjournera dans la région jusqu’au printemps 1891. Atteint de douleurs terribles, il quittera au printemps 1891 à regret Harrar sur une civière (Abyssinie, là où il avait une factorerie) pour Zeila (non loin de Djibouti) et pour prendre un dernier bateau à Aden (Yémen) l’Amazone des Messageries Maritimes qui le ramènera à Marseille. Amputé aussitôt de sa jambe droite, il souffrira le martyr à Roches (Ardennes) durant cet été pourri 91 entouré de sa mère, Vitalie, et surtout de sa plus jeune sœur, Isabelle. Il s’éteindra tragiquement le 10 novembre, à Marseille espérant obstinément un retour à Aden ou Harar (Abyssinie). Arthur Rimbaud, « le fils du Soleil « ou « le voyant » mort à l’âge de 37 ans, a laissé au monde, parmi les plus belles pages de poésie, toutes écrites en 5 ans (14 ans à 19 ans).
Depuis des années - plus de 15 ans – nous consacrons diverses actions culturelles liées à Rimbaud : conférences, expositions, publications, émissions de radio, télévision, voyages culturels…
Depuis 1993 : des expositions présentées à Paris, Charleville et dans plusieurs villes françaises et à l’étranger. Nous avons d’ailleurs présenté ici dans nos locaux en 2004, une conséquente exposition (durant 6 mois) sur Rimbaud à l’occasion du 150ème anniversaire de sa naissance. Ceci permettant de comprendre l’universalité de cet homme singulier à la vie passionnante et tourmentée. Non seulement il fut un poète engagé (sans doute le premier, faisant sa profession de foi dans sa lettre dite « lettre du voyant », précurseur du surréalisme), mais aussi négociant (amassant une petite fortune), fin connaisseur des civilisations africaines et arabes, explorateur, géographe, etc… Certains, à tort, n’ont retenu de lui : marchand d’esclaves (ce qui est faux, non l’avons maintes fois montré) et trafiquant d’arme (malheureuse et unique opération de livraison d’arme à Ménélik). Nous préparons depuis longtemps une nouvelle et prochaine exposition sur « Rimbaud à Aden – Arabie » prévue pour 2007.
Dans le cadre de cette exposition consacrée à l’Erythrée, nous nous devons de noter le curieux passage de Rimbaud à Massawa, mentionné principalement par le consul de France en poste dans cette ville.
José-Marie Bel
Ancien président de l’association les Amis de Rimbaud
Restaurateur de la Maison Rimbaud à Aden
Rimbaud aux siens (lettre à sa mère et sœur)
Aden, 17 août 1880.
Chers Amis,
J’ai quitté Chypre avec 400 francs, depuis près de deux mois, après des disputes que j’ai eues avec le payeur générale et mon ingénieur. (…)
J’ai cherché du travail dans les ports de la Mer Rouge, à Djeddah, Souakim, Massaouah, Hodeidah, etc…
Je suis venu ici après avoir essayé de trouver quelque chose à faire en Abyssinie. J’ai été malade en arrivant. Je suis employé chez un marchand de café, où je n’ai encore que 7 francs. Quand j’aurai quelques centaines de francs, je partirai pour Zanzibar, où, dit-on, il y a à faire.
Donnez-moi de vos nouvelles.
Rimbaud.
Aden-camp.
Le Consul de France à Massaouah au Consul d’Aden
Consulat de France
Massaouah
Massaouah, le 5 août 1887
Monsieur le Consul,
Un sieur Rimbaud, se disant négociant à Harar et à Aden, est arrivé hier à Massaouah à bord du courrier hebdomadaire d’Aden.
Ce français qui est grand, sec, yeu gris, moustaches presque blondes, mais petites, m’a été amené par les carabiniers.
M. Rimbaud n’a pas de passeport et n’a pu me prouver son identité. Les pièces qu’il a exhibées sont des procurations passées devant vous avec un sieur Labatut, dont l’intéressé aurait été le fondé de pouvoirs.
Je vous serais obligé, Monsieur le Consul, de vouloir bien me renseigner sur cet individu dont les allures sont quelque peu louches.
Ce sieur Rimbaud est porteur d’une traite de 5000 thalers à cinq jours de vue sur M. Lucardi, et d’une autre traite de 2500 thalers sur un négociant indien de Massaouah.
Veuillez agréer, Monsieur le Consul, les assurances de ma considération la plus distinguée.
ALEXANDRE (MERCINIEZ)
M. de Gaspary
Vice-consul de France, Aden
Le Consul de France à Massaouah
au Marquis de Grimaldi-Régusse
(cachet du consulat)
Massaouah.
Massaouah, le 12 août 1887.
Mon cher Maître,
Cinq mois d’absence de notre chère Egypte n’auront certes pas effacé mon nom de votre bon souvenir, aussi je me fais un plaisir de me rappeler à vous, en vous recommandant tout particulièrement M. Rimbaud Arthur, Français très honorable, négociant explorateur du Choa et du Harar, pays qu’il connaît parfaitement bien et où il a séjourné plus de neuf ans.
M. Rimbaud se rend en Egypte pour se reposer quelque peu de ses longues fatigues ; il vous donnera des nouvelles du frère de M. Borelli Bey qu’il a rencontré au Choa.
Je saisi cette occasion pour vous renouveler, cher Maître, les assurances de ma
Veuillez agréer, Monsieur le Consul, les assurances de ma considération de ma haute considération.
ALEXANDRE MERCINIEZ
A Monsieur
Monsieur le Marquis
de Grimaldi-Régusse
Avocat à la Cour d’Appel
Au Caire.
Note : En effet, Après avoir effectué une longue expédition en Abyssinie, Rimbaud, en compagnie de son assistant, Djami, s’est rendu au Caire en été 87, faisant cette escale à Massawa, donnant d’abord une impression négative, puis élogieuse au consul de France en poste. Suite à ce séjour en Egypte, son « rapport sur l’Ogaden » fut publié dans le journal Le Bosphore Egyptien. Encouragé par Alfred Bardey (son ex-employeur), il avait aussi écrit à la Société de Géographie (qui existe toujours à Paris), proposant des articles. Elle répondit positivement mais ne donna plus de nouvelle.
Voir ses lettres : 20 et 23, 24, 25, 26 août 1887.
On peut aussi signaler les sympathiques divagations d’Alain Borer dans son ouvrage Rimbaud d’Arabie. Supplément au voyage .pp. 35-38 (Massaoua, Erythrée, 7 août 1880) Ed. Seuil 1991.
Autres dossiers dans ce journal :
Nous avons publié en début septembre 2006, un journa spécial « Erythrée », plus important, contactez-nous, il est mis en vente dans nos locaux ou sur le net.
nous consultez… ou venez voir notre exposition !
Cette exposition prévue jusqu’au 16 novembre 2006, sera probablement prolongée, et permettra de fournir d’autres articles concernant ce pays : Histoire de Massawa, les esclaves des îles Dahlaks, le train Asmara-Massawa, etc…
Dernières informations :
Prochaine exposition à partir de la mi-décembre :
YEMEN, Arabie heureuse : Trésors révés et bien réels…
Nombreux voyages prévus : mer Rouge, Erythrée, Yémen, Socotra et Ethiopie…