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L'univers de l'Espace
Reine de Saba











Château d’Abbadia, d’Antoine d’Abbadie, explorateur en Ethiopie

Hendaye, un château néo-gothique, temple éthiopien...


Lundi 11 août 2009, nous avons rendu visite au château Abbadia, sur les crêtes hendayiennes, accueilli par la responsable des lieux, Madame Céline DAVADAN. Très prochainement nous publierons dans ces colonnes un article sur cette visite et les projets de manifestations qui auront lieu l’an prochain à l’occasion du bicentenaire de la naissance du maître des lieux, Antoine d’Abbadie. En attendant, voci ci-dessous, bien d’autres nouvelles qui peuvent vous donner envie de découvrir ce lieu surprenant, passionnant et magnifique.

Bienvenue au Château-observatoire d’Abbadia, fondation de l’Académie des sciences. Vous allez découvrir la demeure d’un personnage exceptionnel : Antoine d’Abbadie (1810 Dublin-1897 Paris). Grand voyageur, il réalisa la première cartographie de l’Ethiopie après un séjour de onze ans dans ce pays ; géodésien et astronome, il s’est intéressé par exemple aux problèmes de la variation de la verticale, de la micro-sismicité, des sources du Nil ou de la cartographie céleste. Elu membre de l’Académie des sciences en 1867, il en fut le président en 1892. Ardent promoteur de la langue basque, il fut l’initiateur des premiers jeux floraux basques. Le château inspiré des modèles médiévaux, fut bâti entre 1864 et 1879 sur des plans d’Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) avec l’aide de son élève et collaborateur Edmond Duthoit (1837-1889). Mêlant style néogothique et orientalisme, la richesse de sa décoration en fait un haut lieu de l’ornementation et de la polychromie. L’édifice se compose d’un corps central d’où partent trois ailes recevant chacune une affectation privilégiée : l’aile Nord-Ouest est réservée à l’étude, l’aile Est à la dévotion et l’aile Sud à l’accueil. Cette disposition, tout en permettant un maximum d’ensoleillement et d’ouverture sur la nature environnante, rend possible une répartition fonctionnelle entre les pièces d’agrément et l’ensemble des services. Classé Monument Historique en 1984, restauré de 1997 à 2007, le château d’Abbadia est une demeure fragile. Nous vous invitons à participer à sa conservation en évitant de toucher le mobilier et les textiles ou de vous appuyer sur les structures. Le faible éclairement à l’intérieur du château a été choisi pour être cohérent avec l’ambiance lumineuse de la maison à l’époque d’Antoine d’Abbadie.

1. Accueil (extérieur) : On accède au château par un porche situé au creux des deux ailes disposées en équerre. Il abrite la porte d’entrée surmontée d’une inscription en gaélique, gravée dans la pierre « Cent mille bienvenues ». 2. Le vestibule : La porte franchie, le regard embrasse le grand volume du hall dont les murs, sur fond noir, sont émaillés de filets bleu vif et jaune d’or. L’escalier d’honneur est agrémenté par un vitrail riche en couleurs. Le décor présente les armoiries familiales et, dans les phylactères, les devises : « Plus être que paraître » « Ma foi et mon droit ». Le monde irréel des animaux fantastiques servant de consoles à l’escalier d’honneur, s’associe au décor exotique des boucliers et cornes d’animaux éthiopiens. En prenant le couloir à droite derrière l’escalier d’honneur, vous vous dirigez vers l’observatoire. 3. L’observatoire : La pièce est vaste et nue, dépourvue de toute décoration. La lunette est nichée dans une sorte d’alcôve délimitée par un arc brisé. Un système d’ouverture des trappes situées au-dessus permettait de dégager le méridien céleste ( projection du méridien local sur la voute céleste ) : d’où le nom de la lunette méridienne. L’astronome allongé sur la banquette observait donc les étoiles lors de leur passage. La lecture du cercle gradué et l’enregistrement du chronographe donnaient ainsi, après calculs, la position de l’étoile sur la voûte céleste. Cet observatoire d’astrométrie (étude de la position des astres sur la sphère céleste par des mesures d’angles) a fonctionné de 1879 à 1975, et dès le début du 20e siècle le travail des astronomes d’Abbadia le projeta dans les tous premiers rangs de l’astronomie internationale. Conformément au vœu d’Antoine d’Abbadie, la direction de l’observatoire fut confiée à un prêtre « libéré des soucis du monde et des tracas des villes… » de 1897 à 1975, année de sa fermeture. Les astronomes d’Abbadia réalisèrent 14 catalogues stellaires représentant près de 50 000 étoiles dans cet observatoire. L’observatoire d’Abbadia constitue l’exemple unique dans l’histoire des sciences d’un observatoire décimal en Europe. Fervent défenseur d’un système de mesures en base 10, Antoine d’Abbadie utilisait des horloges de 400 parties par jour et mesurait les angles en grades. L’utilisation du système décimal simplifiait les mesures et les calculs, garantissant plus de rendement dans les travaux astronomiques. En revenant sur vos pas, empruntez l’escalier du donjon (à votre droite en sortant de l’observatoire) pour rejoindre le 1er étage. Vous vous dirigez vers la bibliothèque. 4. La bibliothèque : Elle est placée au cœur du château. Lieu de travail et de réflexion, elle est le symbole de l’esprit éclectique d’Antoine d’Abbadie. Les rayonnages sont parcourus par une galerie en châtaignier. Des consoles de fer à gros boulons la soutiennent dans un décor qui préfigure l’Art Nouveau. La collection personnelle d’Antoine d’Abbadie occupe aujourd’hui la partie supérieure. Elle est composée d’ouvrages scientifiques et littéraires. Lorsqu’Antoine d’Abbadie légua son château à l’Académie des Sciences, en 1896, cette bibliothèque dénombrait plus de 10000 volumes, entre autres plus 960 ouvrages basques et 234 superbes manuscrits bibliques et littéraires, écrits en Ghez, langue liturgique éthiopienne, en consignation à la Bibliothèque Nationale, où ils constituent la plus grande partie du fonds éthiopien. Dans la partie inférieure sont classés des publications astronomiques qui témoignent, avec les machines à calculer sur la table, de l’activité de l’ancien observatoire. Des inscriptions peintes sur les poutres, écrites en basque, invitent au travail et à la sagesse, comme : « Reste avec Dieu et Dieu restera avec toi », « N’importe quel buisson a son ombre » ou bien encore « Un fou est suffisant pour jeter un bloc de pierre dans un puits, il faut six sages pour l’en sortir ». Prés de la cheminée une photographie de 1907 nous présente une équipe de scientifiques avec au premier rang l’abbé Verschaffel, premier directeur qui succéda à Antoine d’Abbadie. En sortant de la bibliothèque, prenez le couloir à gauche pour arriver dans la chambre de Virginie. 5. La chambre de Virginie : Située dans l’aile Est, elle bénéficie d’une orientation privilégiée. Le mobilier patiné et foncé s’harmonise avec la clarté du bleu des tentures et des murs tendus de soie indienne. Au centre, une cheminée en marbre noir avec en bas-relief des lévriers, symboles de la fidélité conjugale. Au dessus de l’âtre, une inscription en latin « Je chauffe, mais je brûle, mais je tue ». La cheminée est surmontée d’un beau miroir à glace biseautée encadré des portraits de l’un et l’autre des époux. Le décor de cette pièce est complété par des vers de Schiller, poète allemand (1759-1805) qui ornent les solives « Triple est la marche du temps. Hésitant et mystérieux, l’avenir vient vers nous. Rapide comme la flèche, le présent s’enfuit. Eternel et immuable, le passé demeure. » Face à vous, la porte ouvre sur un boudoir. 6. L’Escalier d’Honneur : « Qu’une main empressée accueille celui qui vient sous ce toit avec un esprit ami. Hôte qui franchissez le seuil de ma maison, Salut ! que les heures soient rapides et que la maison vous porte bonheur ! », c’est ce qui peut se lire en latin le long de l’escalier . Autour de vous, le programme de peintures murales évoque l’Ethiopie. Dans le sens des aiguilles d’une montre depuis le vitrail : • demande d’asile à l’entrée d’un village sanctuaire en tapant sur une pierre (phonolite), • préparation de l’injehra par les femmes –l’injehra est la galette traditionnelle qui sert de base à l’alimentation en Ethiopie-, • repas d’un roi (ràs) (son esclave goûte les plats), • un orateur du parlement Oromo ponctue ses phrases d’un coup de fouet, • l’école éthiopienne où les enfants qui ont fait l’école buissonnière sont enchaînés, • le départ d’un officier qui fait entendre son cri de guerre avant de livrer bataille et, • une procession religieuse orthodoxe, le Timkat, appelée aussi Epiphanie, qui célèbre le baptême du Christ dans le Jourdain par Saint Jean Baptiste. Au centre du vestibule, éclairant l’escalier, domine la statue d’Abdullah, jeune éthiopien venu de son pays avec Antoine d’Abbadie, qui connut une fin tragique lors de la Commune de Paris en 1871. 7. La chambre d’Ethiopie : Au-dessus de la porte d’entrée, le lion de Juda, emblème de l’Ethiopie et symbole de sa tradition chrétienne, est représenté entouré de roseaux (plante sacrée en Afrique). Une imposante composition florale ainsi que les monogrammes d’Antoine et de Virginie sont peints sur la hotte de la cheminée dont le manteau est agrémenté d’une pendule au cadran émaillé. Sur le manteau de la cheminée, une devise en langue amharique est sculptée : « Tourne, tourne, tu reviens à la maison ; vis, vis, tu reviens à la terre ». 8. La chambre de Jérusalem : Le décor de cette chambre est dominé par le thème de la Ville Sainte, dont le plan est reproduit sur la hotte de la cheminée. Les grappes de raisin qui encadrent cette composition figurent le sang du Christ et indiquent que la ville représentée est la Jérusalem Céleste. La tablette de la cheminée s’enrichit d’une devise : « Ta pensée comme la flamme monte toujours » . Le décor des murs revêtus de toiles peintes évoque l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem (palmes). Les attributs du pèlerin (bâton, gourde et coquilles Saint-Jacques) figurent également sur la toile peinte. Au dessus des portes, le blason des chevaliers du Saint Sépulcre, composée d’une grande croix rouge cantonnée par quatre croix plus petites, faisant allusion aux cinq plaies du Christ lors de sa crucifixion. 9. La chambre de l’Empereur (chambre Napoléon III) : Antoine d’Abbadie rencontra le Prince Bonaparte la première fois en 1836. Devenu Président de la République puis Empereur, il promit à Antoine d’Abbadie de venir poser la « dernière pierre du château ». Ce dernier lui fit spécialement aménager, à partir de 1867, la chambre ronde de la tour. Mais la guerre de 1870 éclata et Napoléon ne vint jamais. C’est pourquoi une pierre manque aujourd’hui encore au balcon d’une des fenêtres de l’observatoire. La cheminée, inspirée d’un modèle du XVIe siècle, s’enrichit d’une statue de bois sculptée représentant le saint patron d’Antoine d’Abbadie : Saint Antoine le Grand (le cénobite), qui se retira très jeune dans le désert en Haute Egypte pour vivre dans la solitude. Il est évoqué sous l’aspect d’un vieillard barbu et décharné, vêtu d’une robe de bure à capuchon. Sur le manteau de la cheminée, on peut lire quelques vers en anglais, traduits comme suit : « Loin des occupations fatigantes de la vie, loin des soucis du monde, dans la solitude je me plais davantage, l’Ermite vous appelle à sa cellule ». Le mobilier de cette chambre, conçu dans un style gothique flamboyant, est inséparable de l’espace pour lequel il a été conçu et de la décoration architecturale dans laquelle il s’intègre. La démonstration qu’architecture et décoration sont solidaires deviendra l’un des soucis majeurs de l’Art Nouveau. Rejoignez le rez-de-chaussée, empruntez le couloir de l’aile sud qui abrite les pièces de réception (attention à la marche !). 10. La salle à manger : Cette pièce est lambrissée à mi-hauteur et tendue de grands panneaux en cuir de buffle encadrés par des bandes de velours vert. Le mobilier a été dessiné par Edmond Duthoit, réalisé par les ateliers Renaissance des frères Lövinson à Berlin. Le buffet en chêne clair était destiné à renfermer la vaisselle : faÏences de Gien ornées des lettres entrelacés d’Abbadia. Les portes s’enrichissent de motifs de serviettes pliées. Une table à rallonges de forme ovale et marquetée occupe le centre de la pièce. Les chaises sont recouvertes de velours vert et portent chacune sur le dossier, une lettre éthiopienne brodée. Rangée dans un certain ordre, elles forment la phrase suivante : « Puisse-t-il autour de cette table ne jamais se trouver de traître ». De part et d’autre du buffet, deux portes s’ouvraient sur l’office dans lequel un monte-plat communiquait avec la cuisine située au sous-sol. Réalisée en chêne, la cheminée comporte un manteau au luxueux décor végétal. En dessous une courte devise éthiopienne, « Je me donne sans m’amoindrir ». 11. Le Grand Salon. Grande pièce circulaire située dans la tour sud. Lambrissée à mi-hauteur, les murs sont peints en bleu et parsemés des monogrammes dorés A et V en caractères gothiques. La cheminée constitue l’ornement principal de ce salon. Réalisée en pierre d’Angoulême, sur un dessin de Duthoit, elle évoque les intérieurs médiévaux. Au centre de la hotte, le blason d’Antoine d’Abbadie avec sa devise « Plus être que paraître » en phylactère mais également un décor reposant sur le thème du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Sur le manteau de la cheminée, une citation latine est sculptée : « La vie passe comme la fumée. » Parmi les meubles ramenés des voyages ou acquis lors de l’Exposition Universelle de 1867, on remarque une imposante armoire en laque à votre droite. Le trèfle stylisé très présent dans cette pièce rappelle les origines irlandaises d’Antoine d’Abbadie. Des vers du poète anglais Buchanan, inscrits sur les poutres, incitent au calme, au silence et à la rêverie. Un boudoir attenant de style mauresque, à la façon des fumoirs arabes, communique avec la salle à manger. Rejoignez maintenant le vestibule d’entrée.

12. Le Salon arabe (dans le vestibule) : C’est ici, dans ce petit salon que Virginie d’Abbadie recevait ses intimes. Devant et de chaque coté de la cheminée sont disposés des objets décoratifs éthiopiens. Les murs sont tendus de tissus imprimés d’un décor végétal. Au dessus du divan, dans une alcôve, sur fond rouge, des proverbes arabes apparaissent dans une splendide calligraphie comme « L’aiguille habille tout le monde et elle-même reste nue » ou bien « Le mérite appartient à celui qui commence, quand bien même celui qui continue ferait mieux ». Avancez-vous dans la dernière aile de la visite, l’aile Est. 13. La chambre d’Honneur : Cette chambre était réservée aux invités. Les murs sont recouverts de grands panneaux de toile peinte tendue, garnis de rosaces avec de la calligraphie arabe. Le lit à baldaquin porte l’inscription en vieux français « Doux sommeil, songes dorés, à qui repose céans, joyeux réveil, matinée propice » . La cheminée s’agrémente de carreaux de majolique jaune et bleu turquoise ; sur le fond du carrelage on peut lire le proverbe arabe : « Ne jette point de pierres dans le puits dont tu bois l’eau ». 14. La chapelle : La décoration de cette chapelle porte la marque de Duthoit et de son goût certain pour d’art sicilien ou oriental. La nef, grande salle rectangulaire, prévue dès l’origine pour accueillir les fermiers du domaine, est surmontée d’une superbe charpente dont les arcs supportent un plafond de bois peint. Les murs de la nef drapés de rouge, en trompe l’œil, portent le monogramme de S.A. (Saint Antoine le Grand). Le chœur orienté à l’Est est baigné d’une douce lumière tamisée par trois vitraux représentant au centre « Le Christ aux outrages » encadré par les Pères de l’Eglise, St Thomas d’Aquin à gauche et St Augustin à droite. Antoine et Virginie reposent en paix, en-dessous de l’autel, dans une crypte. Antoine est décédé le 19 mars 1897 à l’âge de 87 ans et Virginie le 1er mars 1901 à l’âge de 73 ans. Le fond de la chapelle rappelle que ce lieu est dédié à St Antoine l’ermite, le saint patron du propriétaire. Au centre, une tribune communiquant avec sa chambre permettait à Virginie de se recueillir face à l’autel. 15. L’expérience des trous : Un détail insolite peut amuser le visiteur : une série de trous dans les murs du donjon au vestibule. Ce sont les traces d’une des expériences conduites par Antoine d’Abbadie dans son château-observatoire. Cette expérience, destinée à étudier le phénomène de la réfraction atmosphérique de la lumière, fut conçue avant même la construction du château. Antoine d’Abbadie souhaitait en effet se pourvoir d’une lunette de grande longueur qui lui permettrait ainsi de mesurer des variations angulaires très faibles. Il décide alors d’utiliser la structure même de son château comme support d’une lunette destinée à être fixement dirigée vers le sommet de La Rhune. Cette expérience ayant échoué, il fit graver autour du dernier trou, sous le porche, ces quelques mots en basque « Ez ikusi, Ez ikasi » (« Je n’ai rien vu, je n’ai rien appris »). 15/05/2087 – Collectif - Château d’Abbadia

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