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L'univers de l'Espace
Reine de Saba











Afrique, Jean-Louis Florentz et l’Ethiopie à Angers


Dans le cadre du Printemps des Orgues, diverses manifestations culturelles sont données à ANGERS jusqu’en fin juillet 2010, avec notamment un regard sur l’Afrique et Jean-Louis Florentz, ethnomusicologue ayant capté en son temps des sons divers en Ethiopie (hommes, chants, oiseaux...). Une exposition sur lui se tient à Angers, dans la Bibliothèque centrale (photographie, montage sonore en image), ainsi qu’une conférence donnée par José-Marie Bel le lundi 14 juin à la Collégiale Saint-Martin. Ce lieu splendide et chargé d’histoire qui remonte au VI siècle lui a permi de présenter ce pays et de terminer par un magnifique panorama sonore sur l’évolution de la musique en Ethiopie, passant des chants du sud du pays (vallée de l’Omo), aux chants religieux, Azmaris, et de grandes tendances des années 1950-1975 (les 30 glorieuses musicales éthiopiennes) et des tendances récentes (Ether orchestra avec Mulatu Astatké, etc... Jean-Louis Florentz (* Asnières-sur-Seine, le 19 décembre 1947 - † Paris, le 4 juillet 2004) est un compositeur français. Élève de Pierre Schaeffer et d’Olivier Messiaen, il obtient, en 1978, le Prix de composition Lili Boulanger, suivi de divers prix de la SACEM et de l’Institut de France. Ses voyages incessants en Afrique lui permettent d’étudier l’ethnomusicologie et la linguistique. Il était un ami d’Olivier Latry, organiste de la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Sa musique possède un fort pouvoir évocateur, foisonnant, luxuriant, en gardant une clarté toute française ; son œuvre se place dans la mouvance d’Henri Dutilleux. Il est mort du cancer en 2004. Il était membre de l’Académie des beaux-arts depuis 1995.

toute autre information : jeanlouisflorentz.org/fr/association

Pour information : (1988)

Asùn

Conte liturgique sur l’Assomption de Marie op. 7 pour soprano, ténor, baryton, chœur mixte, chœur d’enfants et orchestre

Commande de Radio-France en 1986-1988. Durée : 50 min environ.

Textes originaux latins, grecs, arabes, éthiopiens traduits en latin par Juan José Torres Esbarranch, professeur de philologie grecque à l’Université de Palma de Mallorca.

Asùn est la troisième partie d’un Triptyque Marial dont la composition s’étale de 1979 à 1988. Cette trilogie avait débuté par le Magnificat-Antiphone pour la Visitation, pour ténor, chœur mixte et orchestre, et s’était poursuivi avec les Laudes, sept pièces pour orgue. La liturgie éthiopienne, l’univers religieux et culturel est-africain, sont au cœur de cette fresque mariale, cela dans les détails même de l’écriture. Sur le plan spirituel, j’ai cherché à donner à l’ouvrage une dimension supra-confessionnelle. Marie, Mère de Dieu et des chrétiens, est Mère de l’Humanité, Mère Universelle. C’est dans Asùn où se côtoient des extraits du Coran, des textes Juifs falacha, des apocryphes grecs et éthiopiens, que cette dimension apparaît le plus nettement. L’ancien récit grec de la Dormition m’a fourni la trame à partir de laquelle j’ai construit un conte.

Scénario (introduction)

Le Lac Tana, en Éthiopie vers l’an 50, au début du Keremt (saison des pluies). Marie, assise sur le seuil de sa petite maison, est occupée à recoudre un filet à l’aide d’une aiguille d’os. De temps à autre elle regarde les pêcheurs, loin sur le lac. Derrière eux se profile la petite île Tana Cercos. Elle se remémore son premier séjour au lac Tana, lorsque peu de temps après la naissance de Jésus, elle dut fuir les soldats d’Hérode avec Joseph. Elle y est revenue depuis plusieurs années, sans doute pour toujours. Cette fois, elle a dû quitter la Thrace où elle avait suivi l’Apôtre Jean. C’est la Terreur de Claude et Messaline en Méditerranée, et depuis 46, la Thrace est devenue province romaine.

Jean a reconduit Marie en Éthiopie, craignant l’intensification des persécutions. Beaucoup de Juifs sont également venus s’installer dans les montagnes du Semien, non loin du lac Tana : ils sont une branche des ancêtres des Falacha.

Marie vit seule ici, avec quelques servantes. Deux ou trois fois par an, Matthieu vient la voir. Il évangélise au sud du Soudan et en Érythrée.

Le conte se poursuit à travers sept tableaux dont la plupart se succèdent sans transition.

I. L’Aube sur le lac Tana, en Éthiopie. II. L’Ange à la Palme. III. La Forêt des Arcanes. IV. L’Autel de l’Eau (Prière de Marie au Golgotha). V. L’Arche de Miséricorde. VI. Colonnes de soleil. VII. Portes de la Lumière.

Le quatrième tableau peut être exécuté séparément. Il porte le titre : « Prière de Marie au Golgotha », pour soprano et orchestre (durée moyenne : 12 min.).

Extraits de presse

Pureté d’expression Dans le cadre du Festival d’Art Sacré de la Ville de Paris, le NOP et les chœurs de Radio-France ont créé jeudi au Grand Auditorium la dernière œuvre de Jean-Louis Florentz, Requiem de la Vierge. À quarante ans, Florentz confirme bien la place qui lui revient de droit en tête de sa génération. De partition en partition, il élabore une écriture toujours plus fouillée, toujours plus efficace, très moderne dans sa conception et par sa sensibilité, mais sans agressions inutiles, sans nombrilisme non plus. Pour lui, l’essentiel est de dire ce qu’il veut, de créer ces climats sonores très particuliers, sans recherche formelle théorique non motivée. La masse orchestrale et chorale est traitée avec une science de plus en plus impressionnante, avec de magnifiques contrastes entre la fluidité, la translucidité de cette masse sonore, et l’ampleur du propos. […] Et puis, il y a, comme toujours dans les œuvres de Florentz, ce souffle du désert, cet appel vers un espace sans limites, cette pointe d’exotisme qui excite l’esprit et convient particulièrement bien au contenu spirituel de ce Requiem.

Gérard Mannoni, Le Quotidien de Paris du 19 décembre 1988

Créations en chaînes Autre superbe concert, l’autre soir à Radio France, avec la création du Requiem de la Vierge, de Jean-Louis Florentz. Là aussi, au-delà des générations, il s’agit d’une musique inspirée. Musique également en dehors des modes qui constitue l’ultime volet d’un triptyque marial comprenant un Magnificat et des Laudes, sept pièces pour orgue seul. Ethno-musicologue, Florentz ne cache pas sa fascination pour l’Afrique. C’est une Vierge éthiopienne qu’il célèbre ici dans une douce lumière debussyste à l’orchestre et avec une écriture vocale d’une extrême pureté, trois solistes venant s’incruster dans de superbes chœurs d’enfants et d’adultes. Un vitrail flamboyant auquel ne manque pas même un clin d’œil à Messiaen sous forme d’un chant d’oiseau.

Jacques Doucelin, Le Figaro du 21 décembre 1988

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