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L'univers de l'Espace
Reine de Saba










Arthur Rimbaud : l’expo Aden, Rimbaud et ses amis en 2014...

(Extraits du complément à l’ouvrage d’Isabelle Rimbaud : Mon frère ARTHUR


Quelques notes sur Arthur Rimbaud et Isabelle Rimbaud. Une nouvelle exposition sur Arthur Rimbaud présentée à Paris encore en 2014 : "Aden, Rimbaud et ses amis"... prévue pour 2010, dont l’origine du travail de recherches remonte à ... 1993. Nous sommes très actifs à la vie et l’histoire d’Arthur Rimbaud (notre président était Président de l’association "les Amis de rimbaud", suivre toutes les références : Site : http://www.amisderimbaud.free.fr/

Notes biographiques

Concernant Isabelle RIMBAUD

Née le 1er juin 1860 à Charleville, cinquième et dernier enfant du couple Rimbaud-Cuif, deuxième sœur d’Arthur Rimbaud, après Vitalie (morte à 17 ans d’un cancer des os, même maladie que celle d’Arthur, le 18 décembre 1875), il semblerait que selon certains biographes, Isabelle ait peu marqué la vie d’Arthur. Rapide considération.

Même si il parle peu de sa sœur, et qu’il écrivait fréquemment d’Aden et d’Harrar à sa mère et sœur sous la forme, étonnante et distante : “Chers Amis”, Isabelle admirait formidablement son frère, et devait le suivre par la pensée et l’a retrouvé avec sa mère à Londres.

Après son retour d’Afrique, elle resta tout l’été proche de lui jusqu’à son dernier souffle le 10 novembre 1891 à Marseille.

Arrivée à Charleville après l’amputation de sa jambe droite, été terrible froid et pluvieux à Roche dans les Ardennes, retour douloureux à Marseille (imaginons un tel voyage en train à cette époque, 30 h entre Paris et Marseille), à n’en point douter, elle fut sa confidente et la seule personne à l’avoir entouré jusqu’à sa fin.

Admirative, ayant réalisé les engagements poétiques de son frère, certes dans une vie de bohème qu’elle ne comprenait ni cautionnait avec Verlaine, Isabelle a fait de son frère à la fin de sa vie puis bien plus tard, ce qu’elle voulait que l’on garde de lui : un saint, un converti au catholicisme. Idée fixe d’une soeur qui voulait relater sa foi à sa mère, aux autres.

Paterne Berrichon, passionné de Rimbaud est devenu le mari d’Isabelle, considéré par plusieurs biographes comme un peintre et sculpteur de “pauvre talent” (Claude Jeancolas), ce qui est exagéré, a réalisé quant à lui les épreuves des bustes de Charleville, dont l’un se trouve dans le square de la gare. Avec Isabelle il a très largement contribué à l’image d’Arthur Rimbaud depuis les années 1890.

Ainsi dés la fin de son parcours terrestre, deux camps d’admirateurs se sont heurtés et cela, pendant de nombreuses années.

Celui des amis d’Arthur et ceux qu’il a fréquenté dans ses périples multiples, conviés à fournir informations et indications sur sa vie. Ils furent plutôt nombreux, écrivains et conférenciers de circonstances ! (Delahaye, Pierquin, Nouveau, Tian, Bardey, Ilg, etc...) et bien sûr Paul Verlaine, et d’autres, le deuxième camp comprenant Isabelle Rimbaud, Paterne Berrichon, et plus tard, la dévastatrice Enid Starki, véhiculant une image tronquée du poète, vagabond, aventurier, négociant, explorateur.

Enid Starkie qui a néanmoins fourni de très intéressantes recherches n’a pas hésité, insistant sur le fait que Rimbaud avait monté une caravane d’armes pour Ménélik, à en faire un marchand d’esclave. Ce qui est faux.

A propos d’Arthur RIMBAUD

La vie d’Arthur Rimbaud est riche et complexe. Elle est jalonnée d’études scolaires et de recherches intellectuelles, de rejets (sa mère, les femmes, les lois, les bourgeois et les conventions même poétiques, etc...), de rencontres avec des hommes plus ou moins remarquables, de forces créatrices, de curiosités et de goûts culturels, d’errances et de tentations nouvelles... : “Il faut être moderne”, à travers “Le dérèglement de tous les sens”.

Rimbaud, le précurseur !!! et notamment du surréalisme, a très tôt compris la vie et son existence futile, fragile, puérile. Idéaliste à ses débuts (le Dormeur du Val...), il comptait changer le monde avec l’écriture à la mode, Sa poésie. Utilisant relations et contacts avisés, il se tourna vers Verlaine, le grand, le très grand poète moderne, en espérant reconnaissance et célébrité du cercle parnassien.

Boudeur, grossier, provocateur et sale, prétentieux peut-être, il ne réussit qu’à se faire détester, malgré la considération d’un certain talent, d’ailleurs habillement représenté dans le tableau de Fantin-Latour (imposé par Verlaine, qui ne le fit poser que quelques minutes...).

Verlaine-Rimbaud couple endiablé épris de passion mutuelle et folle. Rimbaud profita de Verlaine, certes, mais nous devons à ces deux là les plus belles écritures poétiques de la fin du XIXe s. (On pourra citer Beaudelaire,...). La poésie rimbaldienne ne dura que cinq petites années.

Dans une période politique et sociale tumultueuse et complexe (invasion des Prussiens, révolte des Communards, risque d’enrôlement obligatoire - véritable obsession de Rimbaud jusqu’à ses derniers jours), et réalisant que cette spirale infernale ne servait à rien, il décida de fuir, de partir toujours plus loin, jusqu’à épuisement, au bout de ses idées de travailleur de force et de commerçant du bout du monde (“il faut gagner son pain”, disait sa mère).

Il faut lire les poèmes d’Arthur. On y comprend bien sa fuite en avant, son désir d’absolu, son instabilité permanente, à vouloir se confronter à tout : aux gens, aux temps, aux lieux, aux événements, parcourant sans cesse dans ses désirs fous et ses actions, des allers et retours insensés. Avec souvent un retour dans les Ardennes, chez sa mère qui vivait avec sa soeur.

Bien peu de femmes ont été dans sa vie : jonchée de relations conflictuelles ou semble-t’il banales : sa mère, Mathilde Mauté (la jeune femme de Verlaine), la femme abyssine avec laquelle il semble avoir vécu quelques mois à Aden. D’autres l’ont entouré, amies et petites camarades de classe, prostituées à Harderwijk (garnison hollandaise en instance de départ pour Java), en Arabie et en Abyssinie, sans doute où très vite il aurait contracté la syphilis. Puis plus tard à la fin de sa vie des infirmières à l’Hôpital de la Conception à Marseille.

Peu importe, parmi elles, il n’y a eu Isabelle sa petite sœur qui était là présente durant toute sa vie, dans les Ardennes, par courrier et à son retour, à la fin de ses 37 ans.

A son retour : où sont donc passés ses amis d’antan ?, les Vilains Bonhommes de l’Album Zutique, ses copains d’enfance ? et même sa mère qu’il nommait the Mother ? Elle, plus préoccupée à ses bêtes et ses champs que d’Arthur, n’a même pas daigné l’accompagner à, ou vers Marseille, laissant ce chemin à Isabelle.

Il y a eu donc Isabelle, la dernière, sa sœur, la vierge, la pudique, la pudibonde, la détentrice du dernier souffle, du dernier secret... de son frère.

Dans sa foi réelle qui remonte à son enfance, dans l’émotion, la douleur, le constat et le désespoir, on ne pourra blâmer Isabelle -avec la complicité de Berrichon- que d’avoir voulu construire un mythe sur la croyance chrétienne de Rimbaud. Un parmi d’autres.

Ce ne sera que bien plus tard dans les années 1920-1940, qu’une première génération de passionnés et d’amis tels Jean-Marie Carré, Etiemble, Georges Izambard, Delahaye, André Dhôtel, Jean-Paul Vaillant et quelques autres, ont essayé de recomposer l’incroyable puzzle qu’est la vie et l’oeuvre d’Arthur Rimbaud.

Plus tard encore, et cela n’a jamais cessé, des vagues de passionnés publient, cherchent, décomposent et proposent des sens au mystère Rimbaud.

L’essentiel se résumant ainsi : un très jeune homme ardennais a écrit des vers splendides, nouveaux et émouvants. Encouragé par quelques ainés et hommes connus et vivant une vie décousue, il aura écrit en peu d’années des poèmes au style inconnu.

Découragé dans sa démarche exclusive et sans réelle reconnaissance, vivant une vie de débauche, qui le mena à écrire parmi plus belles écritures (“Une Saison en Enfer” qu’il publie à compte d’auteur aidé par sa mère, en 1873, seule œuvre qu’il reconnaîtra pendant quelques semaines) il quitta très tôt à 20 ans ce milieu artistique pour parcourir encore plus le monde le monde, à pied, en train, en bateau, exerçant multiples métiers, fraudant et trafiquant, cherchant une autre reconnaissance par le travail et le gain.

Ayant totalement renié la poésie (“des rinçures que des rinçures...”), la spirale infernale de ce dépressif permanent se termina à Harrar, Aden, Marseille. Marseille d’où la veille de son passage le 9 novembre 1891, en plein délire il aura encore la force de prononcer à Isabelle quelques mots à l’intention du directeur des messageries maritimes, précédés d’un décompte de dents (d’éléphants ?) : ... “dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord”.

Aux bons soins de sa sœur, il léguera sa fortune (selon certains un pactole de l’ordre de 3 millions de francs soit 500 000 euros) à Djami, son jeune assistant abyssin, mort lui aussi à l’arrivée du mandat.

Il aurait aimé être enterré au loin, là-bas, à Aden dans le Crater.

J-M BEL


Lettre d’Isabelle au Consul de France à Aden (Arabie)

Roche, le 19 février 1892 (extraits).

Monsieur le Consul,

Je prends la liberté de vous écrire pour vous prier de vouloir bien m’aider à accomplir la volonté dernière d’un français que vous avez peut-être connu : de M. Arthur Rimbaud qui a habité Aden et le Harrar pendant onze années, dont les quatre dernières comme agent ou associé de M. César Tian, d’Aden, et qui est décédé à Marseille en novembre 1891.

Avant de mourir, M. Rimbaud qui est mon frère, m’a fait diverses recommandations pour l’exécution desquelles je sollicite votre appui et votre conseil.

Depuis huit ans, il avait pour domestique un indigène de Harrar nommé Djami ; ayant toujours eu à se louer de la fidélité et des services de cet homme et voulant lui donner un témoignage de satisfaction, il m’a chargé de lui faire parvenir, d’une façon sûre et certaine, une somme d’argent assez importante. Il m’avait désigné l’entremise de M. César Tian comme étant le plus à même de m’aider à remplir sa mission ; j’ai écrit en ce sens à M. Tian, voilà deux mois, et n’ai pas reçu de réponse.

Je suis très fermement résolue à accomplir la volonté de mon frère ; mais la difficulté de communication qui existe entre le Harrar et la côte, ainsi que l’ignorance dans laquelle est le destinataire, me fait appréhender que la libéralité de M. A. Rimbaud ne s’égare en d’autres mains que celles de celui à qui elle est destinée. Je m’en remets donc, monsieur le consul, à votre autorité et à votre compétence, et je vous serais très reconnaissante si vous vouliez bien faire savoir à ce Djami, par la voie que vous jugerez la plus convenable et la plus sûre, que je tiens à sa disposition ou à celle du mandataire qu’il chargera de son pouvoir pour toucher la somme de 3000 (trois mille francs) avec recommandation de son maître et donateur de faire de cet argent usage bon et utile, soit qu’il le réserve pour quelque autre entreprise honnête et prudente dont il soit assuré de retirer des bénéfices raisonnables ; mais que cet argent ne soit jamais un prétexte à l’oisiveté ni à l’intempérance (1).

Après le départ de mon frère du Harrar, Djami est entré au service de M. Felter, agent à Harrar de la maison Bienenfeld et Cie et je suppose qu’il y est encore ; c’est une jeune homme de vingt-deux à vingt-trois ans, complètement illettré ; à peine comprend-il quelques mots de français...

(1) Djami - qui était déjà marié et père d’un jeune enfant- ne reçut jamais le legs de son maître. On a pu voir, en effet, dans la vitrine consacrée à Rimbaud, à l’exposition symbolique de 1936, un reçu signé par l’évêque du Harrar, le père Taurin Cahagne, prédécesseur de Mgr Jarosseau, et signé également par les héritiers de Djami. Selon Miss Starkie, Djami serait mort peu de temps après son maître, soit pendant la famine de 1891, soit au cours d’une attaque de pillards.


ESPACE REINE DE SABA INFOS :

Nouveau : LIBRAIRIE SPECIALISEE à L’Espace reine de SABA : sur le Net et sur place

En fonction des circonstances évolutives de l’Espace Reine de Saba, pour répondre à l’attente et aux souhaits du public, nous préparons une nouvelle activité de libraire sur Internet : ouvrages spécialisés sur le Yémen, Ethiopie et la région, de grands et moins grands auteurs, mais aussi dans le domaine du Monde Arabe et est-africain, ethnologie, arts, etc... et littérature d’ordre général pointu. Nous préparons également la publication de plusieurs dossiers d’explorateurs anciens.

  • sur place : liste d’ouvrages sur catalogue.
  • Cours de Yoga sont dispensés à l’Espace Reine de Saba. Participation raisonnable. Mardi et mercredi de 19h30 à 21h et samedi de 11h30 à 13h. Tel à Lillanna : 06 10 05 58 98 ou infos sur place.
  • Rappel : nous avons toujours un manque réel de personnes dévouées pour les permanences.
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